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jeudi, 12 juin 2008

mémoire dyslexique

valse ave bahir.jpgHier soir à l’autre cinéma à côté de chez moi, il y avait l’avant- première de Valse avec Bashir. J’aime bien les avant-premières. J’ai toujours l’impression d’être invitée comme une star ou une grande réalisatrice dans un festival de renommée internationale. Je m’attends à voir une haie de photographes qui m’interpellent, criant mon nom pour que je me retourne vers eux et, du haut d’un grand escalier recouvert d’un tapis rouge vif, forcément, je leur adresse mon plus beau sourire.
Bref, en marchant sous un petit crachin d’octobre, je me fais mon film tandis que mon amoureux, plus terre à terre mais néanmoins dubitatif quant à la forme du film. Il est présenté comme un documentaire d’animation, genre encore inexploité dans les salles obscures. « La forme ne doit pas occulter le fond » prétend-il tandis que je regrette de ne pas avoir mis une belle robe de princesse.
Nous sommes peu nombreux à nous présenter au guichet, les avant-premières c’est pour les curieux, les passionnés, ceux qui ont déjà tout vu dans les autres salles de la région.
Après une présentation de la directrice des programmes, nous nous calons dans nos fauteuils préférés, mes jambes sur celles de Mamour et mes mains entortillées dans les siennes. C’est qu’il n’est pas facile ce film, il faut rester bien concentré et profiter de la chaleur de l’autre pour avancer dans l’histoire. Le réalisateur Ari Folman fait une psychanalyse en direct. Il a tout oublié de la guerre qui l’a amené au Liban. Il ne sait plus où il se trouvait ni avec qui. Le film se construit lentement avec des scènes chocs autour d’un travail douloureux sur la mémoire du réalisateur. Il a peur, peur de se souvenir, peur d’avoir fait une saloperie, peur d’avoir été complice. Il veut assumer sa mémoire, il veut la retrouver. Son parcours nous mène de ses cauchemars à la réalité de la guerre. Il interroge ses concitoyens qui racontent leurs propres guerres et ainsi se remplissent peu à peu les trous noirs de sa mémoire. Les chars israéliens écrasant les voitures dans les rues étroites des territoires occupés, les jeunes soldats qui se sentent invincibles dans ces carapaces d’acier et de feu, tirant dans la nuit parce qu’il faut bien avancer.
La musique omniprésente, décalée, renforce le sentiment de malaise. C’est un film fort qui se termine sur les images douloureusement réelles de Sabra et Chatila.
Nous sommes restés jusqu’à la fin du générique, comme toujours d’ailleurs, la magnifique musique qui l’accompagne aidant à évacuer la tension. C’est long un générique de film d’animation, on voit tout de suite que du monde a bossé et, rester dans la salle, c’est une marque de respect, un remerciement pour tous les travailleurs de l’ombre du cinéma. Et nous voici récompensés car le film recommence après le générique. J’aime bien quand les réalisateurs font ça ! Quelques images en plus, comme un clin d’œil pour ceux qui restent. A par que là, c’était des scènes entières, vingt minutes de film en plus ! Un vrai bonus ! La fin du film après le générique, gonflé le type ! Même pas peur que la moitié de la salle soit déjà partie. Nous sommes à peine une dizaine de personnes quand les lumières se rallument.
La directrice de la programmation apparait, bafouillant des excuses. Désolée, toute rouge et gênée qu’elle est.
« Vous avez compris ce qui s’est passé ? » nous demande t-elle ?  « Ben non, on n’a pas compris »
« Voila nous avons reçu le film aujourd’hui et le laboratoire a mal numéroté les bobines. La fin que vous avez vu aurait dû se trouver avant le générique et non après. »
« Alors après le générique, il n’y a rien ? » « Non il n’y a rien. » Nous sommes tous un peu déçus, elle nous plaisait bien cette fin décalée, dure, un peu hors du temps, comme la mémoire du réalisateur qui revient alors qu’il pense son travail terminé.
Hier soir, en rentrant de l'autre cinéma à côté de chez moi, dans nos têtes, impossible de remettre les bobines dans l’ordre. Le film sort le 25 juin, nous retournerons donc cette fois dans l’anonymat de la foule pour le revoir dans l'ordre décidé par monsieur Ari Folman... à moins que je ne graisse la patte aux projectionnistes afin qu’il la laisse comme les privilégiés de l'avant-première l'ont vue, la fin. Et tant pis pour les impatients qui ne verront jamais les numéros de visa d’exploitation à la fin des génériques !

Chaleureux remerciements au laboratoire dyslexique qui nous a fait passer une si bonne soirée.

Commentaires

Changer l'ordre des bobines, est-ce attaquer le droit d'auteur ?

Écrit par : Prax | vendredi, 13 juin 2008

Mouais, faut voir...

Écrit par : Slowalie | vendredi, 13 juin 2008

Les commentaires sont fermés.