La garbure pour les geeks

Bon, je sais, je ne vous en ai pas encore parlé, mais il se passe des trucs sympas à Bayonne. Par exemple tous les premiers jeudi de la gazette du cinéma à côté de chez moi, les blogueurs du coin d’ici et de plus loin se réunissent pour boire un coup, manger un morceau, dire des bêtises et rigoler ensemble. Ça fonctionne bien notre histoire, puisqu’il y a toujours du monde. Nous appelons cette petite réunion « le Carnet Bayonnais ». Pour les modalités voir l’ami No’ qui annonce, prévient, informe la blogosphère locale quelques jours avant les agapes. Donc hier, nous étions le premier jeudi de la gazette, et après mon travail de l’autre cinéma à côté de chez moi, je les ai rejoints vite fait pour profiter de la chaleur de la Taverne. J’arrive toujours en plein milieu du repas et découvre souvent de nouveaux visages étonnés et ravis de se retrouver avec des inconnus si chaleureux. Donc moi je m’assoie là ou il y a de la place, à savoir en bout de table et en cours de conversation. Hier je me retrouvais en face de mon Ttirritt de l’intérieur qui avait participé à l’organisation d'un BarCamp. Le BarCamp du Pays basque c'est le BasqueCamp, une réunion de blogueurs et autres à laquelle toutes les personnes présentes doivent participer en prenant la parole, personne ne doit rester passif. Si je n’avais pas travailler, j’y serais bien allée moi au BasqueCamp, à part que je ne sais pas trop quoi dire à tous ces gens hyper doués en boutons rouges et lumineux qui emploient un langage d’ingénieur en informatique. Moi j’y serais bien allée pour faire et servir le café, par exemple. C’est important ça aussi, servir le café. Ça réchauffe, ça nourrit, ça réveille la machine, c’est une vraie participation active, non ?

« Non » qu’il me dit mon Ttirritt de l’intérieur, « tu dois prendre la parole et par un petit texte participer à la vie et l’évolution du BasqueCamp ».
« Et si je faisais une bonne garbure, hein, une bonne garbure, c’est bien ça ? ! ».

Lui plus têtu que moi, « non ce n’est pas ça le BasqueCamp. Mais tu peux si tu veux donner la recette de la garbure pour les geeks enchaîne Sinkrou toujours sage en bout de table ».
Ah voilà quelque chose qui me plait : participer à l’évolution du bien manger dans le monde informatique « mais c’est quoi un geek ? ».
« C’est un fondu d’informatique qui ne décolle pas de son ordinateur. »
« Même pour manger ? »
« Oui, même pour manger »
« Ah ben, ça va être facile ça ! » Mais l’idée me plait. Et c’est décidé, ma contribution au BasqueCamp passera par l’estomac.
Messieurs-dames les geeks, vous ne pouvez pas rester devant vos ordinateurs en fumant clope sur clope, en buvant des litres de café et renversant les sauces oranges fluos de vos hamburgers sur vos claviers poisseux. Vos cerveaux surchauffés doivent être nourris convenablement et, par les grands froids qui arrivent, une bonne garbure vous fera tenir plus longtemps devant vos écrans. Je vous propose donc ici ma recette de la meilleure garbure du monde. Je l’ai simplifiée car c’est long à faire, la garbure, mais vous verrez que, grâce à elle, de nouvelles perspectives s’ouvriront à vous.

Recette pour six personnes ou six repas devant l’ordinateur :

Pour commencer, vous nettoyez cet évier dégueulasse rempli de vaisselle sale, de miettes de pain et de bouts de pâté de foie moisis. Pas question de commencer une garbure royale dans une cuisine sale !
Bon, maintenant, vous mettez deux ou trois poignées de haricots tarbais à tremper dans de l’eau froide. Et pour l’instant c’est tout. Attention de bien mettre assez d’eau, car le haricot tarbais ça gonfle. C’est tout ce qu’on lui demande de faire, d’ailleurs. Ça ne fait pas de bruit ni rien, le haricot, vous pouvez donc retourner devant votre ordinateur, pendant toute la nuit si vous voulez. Le lendemain, avant de filer devant votre écran, passez donc par la cuisine et profitez de votre petit déjeuner pour peler et nettoyer un poireau, deux navets, deux carottes, une branche de céleri, trois gousses d’ail, vous verrez, ça va souvent plus vite que de se connecter à internet. Coupez vos légumes, attention pas trop petits, la garbure est un plat complet, les légumes doivent avoir de la tenue. Puis mettez une grande gamelle remplie d’eau sur le feu de votre gazinière (attention pas en plastique la gamelle !) et vous pourrez enfin retrouver votre ordinateur et commencer une nouvelle journée palpitante. Dès que l’eau bouille, copiez-collez vos légumes et les sages haricots dans la gamelle, ainsi que quelques grains de poivre, un bouquet garni et, surtout, surtout un beau xamango récupéré chez votre charcutier. En langage binaire de chez moi, le xamango c’est l’os de jambon cru, avec un peu de yande autour, indispensable à la réalisation de la garbure. Baissez le feu et laissez cuire une heure. Vous voyez que ça laisse plein de temps la cuisine ! Bientôt vous saliverez devant votre écran, non ce n’est pas la perspective de mettre en ligne un nouveau jeu mais la bonne odeur de la soupe qui fait son travail de soupe. C’est donc facilement que vous vous relèverez pour ajouter dans votre gamelle de belles feuilles de chou, kizkur* le chou, bien vert et bien dodu et préalablement ébouillanté, ainsi que deux trois pommes de terre, je suis sûre que vous savez ce que c’est, et, et… une belle cuisse de canard confit. Vous pouvez enregistrer sous le feu réduit au max et répondre à votre copain du web qui se demande ce que vous foutez si loin de votre ordinateur. Dès que les pommes de terre sont cuites, la garbure est prête. Généralement, les voisins débarquent étonnés de la bonne odeur qui se dégage de chez vous. Si vous êtes sociables vous les invitez, sinon faîtes les morts devant vos assiettes.
Voila, avec une petite semaine de retard, ma contribution au BasqueCamp de mes copains à moi du web.
Très prochainement, en ligne et pour vous seuls, amis lecteurs :
« Le geek fait son foie gras ».

*kizkur = frisé