jeudi, 03 juillet 2008
Les sept jours
Il y a des sorties nationales que l’on attend impatiemment, soit parce qu'on a déjà vu tout de ce que le cinéma d’art et essais propose dans le quartier à côté de chez moi, soit parce que le sujet de ce prochain film que l’on va voir attire comme un aimant au milieu des lunettes posé sur le nez au milieu de la figure. Donc on piaffe, on trépigne devant le cinéma en fumant une dernière cigarette avant de rentrer pour une nouvelle aventure. Le cinéma c’est une aventure que l’on vit seule mais qui se partage à la sortie avec tous les voyeurs qui comme nous ont eu la curiosité de nouvelles rencontres du bout du monde ou du coin de la rue... ce qui est en définitive la même chose. Et Les sept jours c’est ça, la rencontre d’un ailleurs qui est aussi d’ici.
C’est l'histoire simple d’une famille qui se retrouve à l’occasion d’un enterrement. Sur fond de première guerre du Golfe, ces Israéliens déambulent dans une grande maison avec leur masque-à-gaz-au-cas-où et leurs traditions, héritage d’un fardeau du bout du temps, qu’il faut respecter coûte que coûte, signe pour ces traditionalistes d’une civilisation avancée mais qui s’avère hiérarchisée, cloisonnée, phagocytée et étouffante. On espère pouvoir rire un peu de temps en temps, mais non, dans cette famille, on ne rigole pas à un enterrement. La couche de vernis est bien trop épaisse, bien trop appliquée. Et bien sûr le vernis craque, sept jours enfermés au rez-de-chaussée, à dormir, prier, manger ensemble, inévitablement, les jalousies, les aigreurs cachées, les règlements de compte explosent par tous les pores de toutes ses peaux brunes et moites qui ne s’accordent plus depuis l’enfance. Les mots qui blessent fusent en même temps que les kipas se dégrafent du sommet des crânes. Personne n’est beau, personne ne tire son épingle du jeu, si ce n’est la famille elle-même qui malgré les coups qu’elle s’inflige reste unie jusqu’au bout. Elle a besoin de ça pour continuer à vivre cette famille...
Mais non, je ne vous ai pas raconté la fin. D’ailleurs on s’en fout de la fin dans ce film, il n’y a jamais de fin dans les familles qui se reproduisent pour perpétuer jusqu’à la fin des temps ses traditions désuètes comme des corsets à lacets et qui étouffent les sentiments fraternels d’une humanité en déliquescence.
A voir pour l’interprétation magistrale des acteurs, Ronit Elkabetz en tête, et pour se dire à quoi on échappe quand ,comme moi, on a la chance d’être issue d’une famille aimante et simple comme le bonheur.
18:09 Publié dans Je fais ça trois fois par semaine | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Mais qui a caché une caméra pour faire un documentaire sur ma famille ?
Écrit par : Prax | vendredi, 04 juillet 2008
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