vendredi, 11 juillet 2008
Haïti Chérie
Évidemment je ne m’attendais pas à une future palme d’or, évidemment c’est un petit film, à l’échelle de la production mondiale, petit comme ce pays oublié dans la mer des Caraïbes. Mais Haïti Chérie a le mérite d’exister, de passer sur les écrans, pour à peu près 10 spectateurs par séance. C’est qu’ils sont rares les films venus des tropiques. Porté par les vents du sud, celui-ci est arrivé au cinéma à côté de chez moi et il n’était pas question de le rater.
Pendant que le G8 se gargarise au Japon en nous faisant des promesses qui ne seront jamais tenues, on assiste impuissant à l’étalage de la misère, à l’exploitation des plus faibles sur fond de paysages de rêves, paradis artificiels pour une population prisonnière et condamnée à un destin que l’on sait d’avance noir. Le plaisir d’entendre le créole, langue chantante héritage d’une colonialisation esclavagiste, s’estompe vite face à la douleur d’un peuple trop habitué à la soumission. L’histoire n’a pas d’importance, les acteurs ne jouent pas toujours très bien, ils sont trop beaux, trop propres pour qu’on y croit vraiment. Le réalisateur a voulu faire « moderne » avec une caméra à l’épaule pas forcément de bon aloi. Mais on s’en fout car la vérité est là, dans les arrière-plans. Quand le regard se porte autour des acteurs, on s’aperçoit que les « figurants » n’en sont pas. Ce sont les gens qui vivent réellement dans des cabanes de tôle et de bois, entassés les uns sur les autres, sans hygiène et évidement sans intimité. Les enfants ont vraiment des gros ventres de malnutris, il n’y a pas de maquillage ni d’effets spéciaux. La vérité est en arrière-plan et c’est elle qui est douloureuse.
En sortant de la salle, je me sentais un peu abattue ! Comment peut-on laisser la misère ainsi subsister dans le monde ? Est-il né le futur prix Nobel de la paix, de l’amour et de la fraternité qui fera relever la tête à ce peuple ? Le pays le plus pauvre du monde n’y croit pas c’est sûr. On n’a plus d’illusion quand son espérance de vie ne doit pas dépasser la quarantaine. Et puis une envie de crier. Lève-toi peuple haïtien, relève la tête ! Envoies tes enfants à l’école, pour qu’ils ne connaissent plus cette misère crasse, pour effacer ces centaines d’années d’humiliation. Apprends à lire, Haïti, et à compter pour que nous puissions te rendre des comptes et pour que tous les enfants d’Haïti Chérie retrouvent leur dignité au premier plan de l’humanité.
15:34 Publié dans Je fais ça trois fois par semaine | Lien permanent | Commentaires (0)
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