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vendredi, 01 août 2008

Les fêtes de Bayonne que j’ai vues : La sécuritat

reportrice.jpgHier jeudi, nous avions décidé Mamour et moi de faire juste un petit tour dans l’après-midi pour faire un joli reportage sur les saletés aux fêtes de Bayonne. Y’a de quoi faire, y a de quoi voir et sentir.

Le soir ça aurait dû être repos, Toto-Lolo à la maison, c’est que c’est fatiguant le métier de reporteur. Et là au moment de partir, un coup de fil :

- « Ca vous dit deux invitations pour le concert de Manu Chaho, ce soir aux arènes de Bayonne ? »

- « Ben oui forcément, qui peut dire non à une telle proposition ? »

- « Et bien c’est entendu, vous pourrez retirez vos places aux guichets des invitations. »

Waouh ! super que je pense en dansant dans ma tête parce que mes genoux sont fragiles.

Les invitations venaient de Mouss et Hakim les chanteurs d’Origines Contrôlées, ex Zebda., invités aussi à  participer au spectacle. Je les connais un peu, Mouss et Hakim, car ils sont venus chanter, que dis-je chanter, mettre le feu au cinéma à côté de chez moi lors d’une soirée mémorable en décembre dernier. Il faut dire aussi que, depuis, je suis leur fournisseuse officielle de graisseron* de canard chaque fois qu’ils viennent dans la région. Comme ils ont du mal à retenir le mot graisseron ils m’appellent « glace au rhum », c’est plus facile à retenir et moi ça me va bien, même si je ne suis pas très dessert.


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Bref, après une dizaine de remerciements répétés au téléphone, nous voila partis pour le concert. Nous avons retiré nos places et on nous a même donné un passe pour « l’after show ». J’étais super fière de faire partie des VIP, c’est pas souvent alors forcément, je faisais ma crâneuse, à l’intérieur de mon crâne parce qu’à l’extérieur ce n’est pas joli. Mais pour rentrer dans un concert, il faut désormais se soumettre à un contrôle de sécuritat. Pour les non familiers de regroupements musicaux, il faut savoir que : les appareils photos sont interdits, les bouteilles d’eau autorisées mais pas les bouchons en plastique qui ferment lesdites bouteilles (une bouteille pleine et bouchonnée pourrait constituer une arme dangereuse), il faut faire la queue pour ouvrir son sac et se faire fouiller. Bref, on considère les gens comme de dangereux terroristes alors que, quand même, ce sont eux qui paient pour rentrer. Généralement, Mamour et moi nous faisons un petit scandale face à ces pratiques sécuritaires et hypocrites qui se généralisent. Je n’aime pas que l’on me fouille, je suis chatouilleuse sur le sujet. Mais là, évidement, en tant qu’invités, nous ne pouvions que montrer l’exemple du silence et de la bonne volonté. D’habitude il y a deux files une pour les garçons qui se font tâter par des gars et une pour les filles qui se font mettre la main aux fesses par d’autres filles. Mais hier non : One file, one boy pour tout le monde. Non mais, ça ne va pas la tête ?  Pas question qu’il me touche ! Alors j’ai relevé mon tee-shirt jusqu’au sous-tif pour qu’il voit bien que j’avais laissé mon pain de dynamite à la maison. Il a été choqué, le gars de la sécuritat, mais il ne m’a pas touchée. Derrière moi, Mamour serrait les dents, normal il n’y a que moi qui le touche d’habitude, de plus il avait notre appareil photo pour mes reportages. Il a mal fait son boulot, le bougre déguisé en faux flic, et il n’a pas trouvé mon bel appareil. Non mais, qu’est-ce qu’il croit, que l’on va bousiller la carrière artistique de Manu Chaho avec nos photos floues prises d’en haut des arènes et de derrière un pilier ? Surtout qu’avec mon téléphone portable je peux en faire tout autant et les portables sont autorisés eux, va comprendre. A peine installés, j’ai vu déambuler des spectateurs avec des verres de bière et… des bouteilles d’eau bouchonnées. Alors là encore il va falloir qu’on m’explique. Les bouteilles venant de l’extérieur sont dangereuses (Ah, le grave problème de la bouteille émigrées qui envahit l’espace de celles vendues sur place, on n’en parle pas assez, mon bon monsieur !). Puis le concert a commencé et j’ai arrêté mon mauvais esprit, car, vraiment, c’était magnifique, plein d’énergie, de fuerza y d’amor. D’ailleurs vous pouvez voir sur la photo ci-dessous les vapeurs de bonheur émanant de la foule en liesse qui serait bien restée jusqu’au bout de la nuit.

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Donc, nous étions là, heureux tout simplement, quand mon attention fût attirée par un mouvement tout en haut des arènes, dans le vide de la nuit derrière la scène : un petit groupe de rebelles accrochait une grande banderole à la gloire de la langue basque, comme ça, tranquille sans qu’aucune sécuritat n’intervienne. Ils avaient fait comment eux,  pour la passer leur grande banderole ? Musiciens, chanteurs, techniciens, tous complices, forcément. J’étais vraiment contente que le peuple s’exprime comme il est en droit de le faire. Pas facile la photo, c’était loin et dans le noir, mais quand même ça a donné ça.

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Et le concert continuait, continuait, un vrai Zébulon le Manu, impossible à débrancher, impossible de l’arrêter, d’ailleurs qui en aurait eu l’idée, même la sécuritat en aurait été incapable, pour la plus grande joie de tous. Puis Mouss et Hakim ont déboulé sur la scène dans les hourras de la foule. Et ça chantait, chantait à s’en faire péter les cordes vocales, tout le public sur des ressorts. A minuit pile, Firmin Muguruza  a jailli dans la fête pour en remettre une spire. Firmin est un grand chanteur basque, bondissant forcément, généreux, charismatique. Je l’adore, j’aime sa musique, sa voix, son énergie et sa gestuelle. Il était là pour moi toute seule. C’était moi la VIP de la soirée, surtout qu’à minuit pile, à l’instant précis où tu es apparu, Firmin, le savais-tu que c’était mon joyeux nanniversaire ?... Après trois heures de trompettes, de congas, de chœurs repris par la foule, nous étions des milliers à  redescendre tout doucement de notre nuage de bonheur, un peu fatigués, étourdis, assoiffés, décoiffés, les jambes en coton. A l’atterrissage j’ai tenu à remercier les gentils organisateurs de ma soirée de joyeux nanniversaire, Mouss et Hakim en premier, puis Diane ma chasseresse de t-shirts. La sécurtitat nous a donc orientés vers l’After en un minimum de mots et de gestes :

-« Ce sera là » nous a renseigné un encasquetté bourru, tendant son index autoritaire vers la buvette fermée. Nous avons donc attendu sagement, nous les « élus », abandonnant la foule d’anonymes qui rejoignait le centre ville pour continuer la fête… quand Firmin est arrivé avec deux musiciens pour nous faire chanter et danser, et c’était reparti. Je ne vous dis pas comme cela m’a motivée pour continuer mes reportages, surtout que je sais maintenant, qu’aucune sécuritat ne nous arrêtera, Mamour, moi et mon appareil photo.

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*Graisseron = Sorte de pâté de morceaux de canard confit qui devrait être inscrit par l'UNESCO au patrimoine mondial de l'humanité, surtout le mien.

Commentaires

Merci pour votre article, je découvre votre blog et je tiens à vous remercier pour la qualité de vos écrits

Écrit par : appartements paris | lundi, 31 mai 2010

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