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lundi, 09 juin 2008

Vas-y tata !

Comme vous le savez peut-être, je suis née dans la belle ville de Bayonne, celle du Pays basque bien sûr, pas celle du New Jersey. J’y ai passé aussi les trois premières années de ma vie, juste avant la petite photo que l’on peut voir à gauche sur ce blog.

Nous habitions, mes parents, mes grands-parents, ma sœur et moi dans un petit apparte- ment d’une rue du centre ville, devenue très piétonne et très commerçante. Mais à l’époque qui m’intéresse, cette rue était calme, peu encombrée de voitures et conviviale puisque tout le monde se connaissait, se rendait service et se saluait civilement dans la rue. Notre voisine de palier n’échappait pas à la règle. C’était une dame d’âge mûr, un peu réservée, avec un air sévère surmonté d’un brushing que l’on pouvait qualifier de rétro. Elle portait souvent des chemisiers noirs à pois blancs que je m’amusais à compter jusqu'à six parce qu’après je ne savais pas compter. Cette dame aux lunettes fumées nous gardait parfois quand ma mère partait faire des courses. Nous étions sages, ma sœur et moi, toujours sages à l’époque et, assises sur les genoux de notre voisine, nous écoutions des histoires déjà connues mais qui nous régalaient tout de même.

Nous l’appelions tata, « tata Dourthe » exactement puisque tel était son nom. Et dans le couloir de l’immeuble, je me souviens bien que quand nous revenions de l’école, on courrait dire bonjour à tata Dourthe qui ne sortait guère de chez elle, sauf les beaux jours d’été où elle nous amenait au parc pour nous dégourdir les jambes.

Un jour de pluie, je ne sais plus pour quelle raison, je me retrouvais seule chez tata Dourthe. Je détestais être séparée de ma sœur. J’avais toujours peur que mes parents l’oublient sur le marché de Bayonne. Je boudais donc en attendant son retour et comptais pour la énième fois les petits pois blancs que je rangeais dans ma tête par groupes de six quand la porte de la cuisine s’ouvrit dans un fracas qui fit dégringoler tous mes tas de petits pois. Devant l’apparition d’un grand gaillard en tenue de sport boueuse et déchirée, je sursautais. Il avait l’air heureux, le bougre, avec son bandage qui lui tombait sur l'oeil, ses croûtes de terre collées sur les genoux et son ballon de rugby sous le bras. Il fit quelques pas pour nous embrasser mais il fut arrêté net dans son élan par le doigt rigoureux et autoritaire de tata qui lui indiquait les patins. Quand ma sœur fut rentrée, je lui ai raconté que j’avais vu un ogre très très grand mais très gentil car il m’avait soulevé de terre comme une plume. (Pendant un très court moment de ma vie, je fus un ballon de rugby que l’on attrape pour bien le garder sur le cœur). Ma sœur, elle en avait rien à faire de mes histoires, elle avait des chaussures neuves.

Puis nous avons déménagé et perdu de vue tata Dourthe. Quand, bien plus tard, j’ai commencé à regarder les matchs de rugby, en suivant le ballon voler de mains en mains, je me sentais toujours légère... et un peu étourdie. Et quand, aujourd'hui, par bonheur, je me retrouve au stade Jean Dauger de Bayonne pour suivre un match de l’Aviron, dès que je vois Richard Dourthe, capitaine de cette belle équipe, passer le ballon ou transformer une pénalité, je ne peux m’empêcher de crier, sous les regards étonnés des spectateurs : Vas-y tata Dourthe !

richard dourthe.jpg

 

15:23 Publié dans Babillages | Lien permanent | Commentaires (1)

dimanche, 08 juin 2008

pour les sourds

vendredi, 06 juin 2008

Non mais !

soupe chinoise copier.jpg
Alors voila, Mamour et moi avons décidé de prendre hier soir, j’étais de repos, le coucher de soleil en photo, pour avoir quelque chose de chaud à regarder les jours de pluie qui deviennent de plus en plus fréquent en ce p… de printemps pourri. J’avais bien pensé à prendre en photo un poulet rôti, c’est chaud aussi, le poulet rôti, mais Mamour n’aime pas tellement ça. Nous étions donc en partance pour les bords de l’Adour, tranquilles au milieu de la route, comme les rois de Bayonne, quand je me fis interpeller par une dame, au demeurant très bien mise, qui me tira par la manche. Excitée qu’elle était la petite dame. En deux mots, elle se présenta. Professeur au grand lycée, elle comptait bénéficier d’un passe-droit pour rentrer avant tout le monde, dans le cinéma près de chez moi. C’est qu’il y avait beaucoup de monde ce soir là au cinéma. « Je sais que vous avez le bras long, me dit-elle, et que peut-être vous pouvez faire quelque chose pour moi ». Non mais, ça ne va pas la tête ! que j’ai pensé dans la mienne. J’ai mis sur mon visage surpris mon sourire le plus hypocrite pour lui faire comprendre, un peu sèchement, que je ne pouvais rien pour elle, là, présentement. Après son départ, on est resté comme deux ronds de flan, Mamour et moi, comme des ballots au milieu de la route. Puis la colère est venue. Est-ce que je lui demande, moi, quand elle fait ses courses, si le carré de l’hypoténuse est égal au triangle des Bermudes ? Est-ce que je vais la voir chez son coiffeur pour qu’elle me confirme les dates des batailles Napoléoniennes ? Si je la croisais au théâtre, jamais je n’aurais l’idée de lui demander de me faire réviser mes verbes irréguliers, en anglais. Je ne crois pas l’avoir un jour, pourchassée dans une quelconque salle d’attente, cette dame, pour lui demander l’orthographe exact de Nabuchodonosor ou de péripatéticienne. Je me débrouille avec mes dictionnaires, moi ! Et puis d’abord j’aime pas les passe-droits ! Pour me calmer, Mamour m’a invitée au restaurant chinois, parce que, pour les photos, ce soir c’était raté. D’abord, il ne faisait même pas beau et puis l’Adour était toute grise.
Et là je me suis régalée, tout y était, la musique d’ascenseur tonkinoise, les baguettes qu’il faut casser en deux pour pouvoir s’en servir, la serviette pliée en forme de fleur de lotus, les bouddhas bien repus accrochés aux murs. Mais ce que j’aime par-dessus tout, au restaurant chinois, c’est les « Je vous en prie eeeeuh madame » du serveur qui me font toujours mourir de rire. C’est qu’il est poli lui, il est discret, souriant, attentionné, pas envahissant pour deux sous. Je ne l’ai jamais vu interrompre une conversation en tirant quelqu’un par la manche pour lui demander quoi que ce soit. Il a un doctorat es politesse, mon serveur du restaurant chinois et, qui sait, un jour peut-être, pendant son temps libre, il donnera quelques cours de civilité dans la salle des professeurs du grand lycée de Bayonne. J’en connais une qui peut déjà réviser.

09:13 Publié dans colère | Lien permanent | Commentaires (2)

jeudi, 05 juin 2008

donnons notre avis

Pour tous ceux qui veulent garder la terre propre, la tête haute et qui ne veulent pas devenir des rats de laboratoire : des actions sont possibles sur http://www.cyberacteurs.org/

mardi, 03 juin 2008

Les files d’attente au cinéma

Dans les files d’attente, il y a celui qui est là le premier pour être bien placé.
Il y a le timide qui regarde ses pieds en avançant à petits pas.
Il y a celle, qui comme à la banque, laisse trois mètres de distance avec son prédécesseur, pour respecter la confidentialité, c’est important la confidentialité.
Il y a celui qui colle son prédécesseur parce qu’il a l’impression que ça ira plus vite.
Il y a l’impatient qui en 20ème position se met sur la pointe des pieds pour voir pourquoi ça n’avance pas.
Il y a celui qui raconte sa vie à la personne à la caisse.
Il y a celle qui se dandine parce qu’elle aimerait bien faire pipi, mais qui, non, décidément, elle ne quittera pas sa place.
Il y a toujours un grand, le portable à la main, qui prend des nouvelles d’une tata Marcelle convalescente. Et tout le monde a envie de dire : –« Bonjour tata Marcelle ! ».
Il y celui qui ne sait pas faire la queue et qui se met sur le côté.
Il y a une dame qui aimerait bien rentrer avec son fils de six ans sur un film d’horreur serbo-croate.
Il y a celui qui a un très gros billet et qui ne compte pas.
Il y a la petite dame qui n’a que des petites pièces et qui les compte lentement.
Il y a toujours des amoureux qui ne voient qu’eux.
Il y a des groupes de filles qui ont laissé leurs mecs devant le match, à la maison, et qui rigolent tout le temps parce qu’elles se sentent libres.
Il y a le petit Poucet qui, le sandwich à la main, laisse ses miettes partout.
Il y un mec qui fait la gueule parce que sa femme a invité des copines pour voir le match à la maison.
Il y a celui qui a deux heures à tuer en attendant son train et qui ne sait pas où mettre sa valise de 25 kg.
Il y a celui qui s'étonne de voir autant de monde sur un film aussi intimiste.
Il y a celle qui s'énerve de voir si peu de monde sur le chef-d'oeuvre de l'année. 
Il y a la dame qui renverse son sac sur la caisse pour trouver son portefeuille, sa carte de fidélité, ses lunettes… et qui oublie ses clés sur la caisse.
C’est un vrai travelling la queue de cinéma. Un travelling de la vie. Et quand tout le monde est rentré dans la salle, que le silence est revenu, il faut tout de même attendre car il y a toujours le retardataire qui arrive en courant les bras écartés en demandant si le film a commencé. Il a toutes les excuses du monde, le retardataire. Sa soupe était trop chaude, le distributeur ne distribue plus, il a remonté quatre étages, il avait oublié ses clés, il a tourné une heure pour trouver une place dans ce quartier impossible et surtout, surtout, il voulait joindre tata Marcelle mais ça sonnait toujours occupé. Quoi qu’il en soit, il ne compte pas le retardataire parce que lui n’a pas fait la queue.