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mardi, 17 juin 2008

Méthode Coué

baromètre.jpgAujourd’hui c’est la grève dans ma radio, je l’écoute toujours, ma radio, d’une oreille distrai- te. Un peu d’info, un peu de musique, quelques commentaires débiles de journalistes lèche- bottes, un peu de pub, il faut bien vivre,  pour encadrer quelques émissions sympas. D’habitu- de c’est ça le service public de dedans le poste. Mais aujourd’hui, rien, si ce n’est de la musique, baroque, rock, chansonnettes et jazz d’ascenseur. Coupée du monde, je ne vais tout de même pas allumer la télé un jour où il n’y même pas de rugby retransmi ! A quoi ça servirait ? ! Les journaux parlent d’hier, mais hier il n’y avait pas de grève, alors ils ne m’apprennent rien de nouveau. Mais pour aujourd’hui, je ne sais rien. Bush a-t’il terminé son tour en vélo dans Paris ? L'Irlande a-t'elle était bannie de l'Europe après son non retentissant ? Je ne suis sûre que d’une chose, c’est du temps qu’il fait parce que là je n’ai pas besoin d’expert de Météo France. Je regarde par ma fenêtre et hop, je suis tout de suite renseignée. Si vrai- ment une angoisse persiste, je regarde mon joli baromètre et je sais même le temps qu’il fera demain. Et je peux vous l’annoncer, chers(es) lecteurs(rices), demain il fera beau, demain il fera beau, demain il fera beau, demain il fera beau...

Là, je prends mon imper pour aller au boulot, mais demain il fera beau. Demain, je suis de repos et il fera beau. Et s’il pouvait faire un petit peu chaud, ça serait bien aussi.

lundi, 16 juin 2008

Eldorado

Eldorado.jpg- Les films américains à gros budget font des bruits de pétard pour montrer qu’ils sont les rois du monde.
- Les films anglais regardent une société malade dont la chaleur humaine a été vendue pour une poignée de dol… de livres.
- Les films français bavardent et balancent leurs cocoricos prétentieux à la face du monde pour montrer qu’ils existent (et que, merde, c’est quand même eux qui ont inventé, il y a plus de trente ans, la nouvelle vague !).
- Les films latinos, coups de poings, nous montrent que le monde va de plus en plus mal.

…Et puis il y a le cinéma belge, inventif, humain, chaleureux. Ils nous prennent pas la main, les Belges, pour nous remontrer le chemin de la simplicité, de la liberté. Une pointe de surréalisme pour épicer notre imagination grippée, un soupçon de délire pour sourire de nos travers, une larme d’émotion pour nous chavirer le cœur. Il y a tout dans le cinéma belge. C’est qu’ils savent de quoi ils parlent ! Enfants de Magritte, de Brel, ils nous font voyager la tête en bas. Enfermés dans une bulle de bédé, nous traversons des plaines immenses, belles comme des mains tendues vers l’humanité.
Dans le cinéma belge, il y a maintenant Eldorado que l’on peut voir au cinéma à côté de chez moi. Le film n’est pas encore sorti officiellement mais, déjà, des ondes du bonheur, portées par un bouche à oreille enthousiaste, traversent l’Adour.
Il va marcher, c’est sûr, Eldorado ! Et, parce qu’il va rester longtemps dans nos têtes et nos cœurs, il fera partie de cette belle famille. Dans la filiation de la grâce et de l’humanité, il est déjà adopté, par la femme de Gilles qui regarde passer l'iceberg jusqu’à ce que la mer monte. Adopté par les convoyeurs qui attendent  Adopté par le fils, l’enfant, Toto le héros et même par Tarzoon honte de la jungle. Adopté parce que c’est arrivé près de chez vous. Adopté par l’homme au crâne rasé
La Belgique c’est l’Eldorado du cinéma européen. L’étoile du berger qui nous montre la voie dans la nuit de l’ennui des cinémas tape à l’œil. Je vais chanter toutes les musiques de ce film, je veux le revoir, être avec les acteurs dans la voiture et rouler à travers ce tout petit pays pour des rencontres improbables, drôles, émouvantes et si belles. C’est décidé, je vais prendre la nationalité belge et apprendre à compter les « septente ». Je vais changer d’accent, apprendre la Brabançonne, me mettre au flamand et manger plus de frites avec les moules. Je veux retourner au cinéma, à Bruxelles, Lièges ou Bruges car, hier, j’ai trouvé mon Eldorado ! Parole de Rosetta.

vendredi, 13 juin 2008

Gorecito a de la chance

gorecito tombola.jpg

Il est un temps dans la journée que j'aime bien, c'est celui de la sortie des classes. Les enfants s'éparpillent dans la rue heureux de retrouver leur liberté chérie. Dans le quartier près de chez moi, il y a plein d'écoles et forcément plein d'enfants. Je les croise souvent dans la rue, le cartable au bout du bras ou sur l'épaule comme un prolongement de leur petit être. En cette fin d'année scolaire, ils nous abordent, nous les vieux, les pas rigolos, nous qui n'avons même pas un ballon pour jouer, une bille à échanger ou des bonbons à donner. Il faut bien vendre les billets de tombola que l'instit leur a confiés. Premiers pas dans la communication avec les grands, premières relations commerciales, c'est qu'il faut s'affranchir de toutes les timidités pour revenir le premier en classe, les poches déformées par les pièces de monnaie.

Les enfants savent où me trouver, j'achète des tickets à tous ceux qui passent me voir sur mon lieu de travail à côté de chez moi. C'est qu'ils sont mignons ces petits leurs billets à la main. Ils ont toujours les plus beaux lots à gagner, les tickets les moins chers, enfin bref à chaque fois je suis censée faire une sacrée bonne affaire. "Vous allez voir madame, cette fois vous allez gagner un beau jambon !" Bien sûr je n'ai jamais rien gagné, même pas le lot de consolation, même pas un tee-shirt publicitaire.

Il faut bien que je vous l'avoue, le généreux acheteur de tous ces billets s'appelle Gorecito. Gorecito, c'est la Tirelire, le nid douillet pour piécettes abandonnées sur le comptoir. Mais attention, Gorecito, c'est plus qu'une tirelire, c'est notre mascotte, le gardien du temple, l'ami des fantômes qui hantent ces murs depuis plus de cent ans. Toujours souriant, discret et insatiable, Il est beau, il est gros, c'est the Gorecito !

La résidence principale de Gorecito c'est derrière le comptoir, prés de la caisse bien sûr. Aujourd'hui, les enfants sont là avec leurs parents. Il y a un goûter, un film et des jeux, tout ça rien que pour eux. Mais il y a surtout un super tirage de tombola. Gorecito en première ligne attend, ses quatre billets fiérement acquis sous le sabot. Il faut dire que les lots sont tous présentés au milieu de la salle, sauf bien sûr le week-end offert pour quatre personnes à Cauterets. Quand enfin le tirage commence, c'est le bazar le plus complet. Personne n'écoute, personne ne suit, si ce n'est deux ou trois adultes qui aimeraient bien gagner le lecteur MP3 pour l'offrir à leur aîné(e). Gorecito ne voit rien, n'entend rien, heureux que je sois sa traductrice officielle. J'ai appris les numéros par coeur pour vaquer à mes occupations tout en suivant le tirage d'une oreille distraite. "847" qu'elle crie la jeune fille pour se faire entendre dans le brouhaha, "Mais c'est nous, ça, le 847 !" J'attrape le billet de dessous les pattes du vainqueur pour le brandir devant tout le monde, qui s'en contre-fiche éperdument. Je me rapproche pour m'assurer de cette première victoire historique. Et oui, c'est bien ça, le 847 est sorti en troisième position. Je lorgne les lots, sauf bien sûr le week-end parce que Cauterets c'est trop loin. Sur le dessus du tas trône un sac rouge qui ressemble à un polochon déformé. Je tourne autour avec un drôle de pressentiment dans la tête. C'est que je défends les intérêts de Gorecito, comme une lionne le ferait pour son petit. Le gamin qui m'a vendu les billets s'approche de moi et d'un geste large m'indique ce tissu vermillon comme étant le lot que je peux réclamer en fin de soirée. Il est à moi ce beau polochon, à part que ce n'est pas un polochon mais une tente C..a-C..a. Là, évidement, je me liquéfie sur place. Cette boisson, celle du grand Satan devant l'Eternel, je l'ai interdite dans mon honorable établissement. Rien que de nommer cette marque c'est faire preuve de grossièreté. Alors vous imaginez la tente pour amoureux transis avec le gros mot écrit dessus ?! Je ne peux rien dire au gamin dont le regard brille de convoitise. Avec sa tête de scout élevé au grand air, il la récupérerait bien, lui, la tente. Mais pas question de l'offrir à Gorecito, ni à personne d'autre, d'ailleurs.

Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de cette "chose" ?... Vite, une idée ! D'abord, je vais effacer l'infâme nom... ou, mieux, je vais l'exorciser en le rebaptisant : "Gorecito-Cola". Et d'un ! Je vais ensuite badigeonner ce rouge sang d'encre noire, et de deux ! Quand cet "objet" aura retrouvé une allure respectable, je le prêterai (faut pas déconner, il est quand même à moi, je ne vais pas le donner !) à tous les clients de ma taverne qui ont participé depuis des années en laissant leurs piécettes sur le comptoir. Vous avez été généreux, nous saurons l'être aussi !

Alors, si vous rêvez de camping et de grillades en plein air, si vous trépignez dans vos godillots de marche en ce début d'été, inscrivez-vous en laissant un commentaire à cette note. Ou n'hésitez pas à venir nous voir, Gorecito et moi, nous vous prêterons une magnifique tente tout à fait personnalisée. Le camping en montagne est une activité saine... surtout du côté de Cauterets.

jeudi, 12 juin 2008

mémoire dyslexique

valse ave bahir.jpgHier soir à l’autre cinéma à côté de chez moi, il y avait l’avant- première de Valse avec Bashir. J’aime bien les avant-premières. J’ai toujours l’impression d’être invitée comme une star ou une grande réalisatrice dans un festival de renommée internationale. Je m’attends à voir une haie de photographes qui m’interpellent, criant mon nom pour que je me retourne vers eux et, du haut d’un grand escalier recouvert d’un tapis rouge vif, forcément, je leur adresse mon plus beau sourire.
Bref, en marchant sous un petit crachin d’octobre, je me fais mon film tandis que mon amoureux, plus terre à terre mais néanmoins dubitatif quant à la forme du film. Il est présenté comme un documentaire d’animation, genre encore inexploité dans les salles obscures. « La forme ne doit pas occulter le fond » prétend-il tandis que je regrette de ne pas avoir mis une belle robe de princesse.
Nous sommes peu nombreux à nous présenter au guichet, les avant-premières c’est pour les curieux, les passionnés, ceux qui ont déjà tout vu dans les autres salles de la région.
Après une présentation de la directrice des programmes, nous nous calons dans nos fauteuils préférés, mes jambes sur celles de Mamour et mes mains entortillées dans les siennes. C’est qu’il n’est pas facile ce film, il faut rester bien concentré et profiter de la chaleur de l’autre pour avancer dans l’histoire. Le réalisateur Ari Folman fait une psychanalyse en direct. Il a tout oublié de la guerre qui l’a amené au Liban. Il ne sait plus où il se trouvait ni avec qui. Le film se construit lentement avec des scènes chocs autour d’un travail douloureux sur la mémoire du réalisateur. Il a peur, peur de se souvenir, peur d’avoir fait une saloperie, peur d’avoir été complice. Il veut assumer sa mémoire, il veut la retrouver. Son parcours nous mène de ses cauchemars à la réalité de la guerre. Il interroge ses concitoyens qui racontent leurs propres guerres et ainsi se remplissent peu à peu les trous noirs de sa mémoire. Les chars israéliens écrasant les voitures dans les rues étroites des territoires occupés, les jeunes soldats qui se sentent invincibles dans ces carapaces d’acier et de feu, tirant dans la nuit parce qu’il faut bien avancer.
La musique omniprésente, décalée, renforce le sentiment de malaise. C’est un film fort qui se termine sur les images douloureusement réelles de Sabra et Chatila.
Nous sommes restés jusqu’à la fin du générique, comme toujours d’ailleurs, la magnifique musique qui l’accompagne aidant à évacuer la tension. C’est long un générique de film d’animation, on voit tout de suite que du monde a bossé et, rester dans la salle, c’est une marque de respect, un remerciement pour tous les travailleurs de l’ombre du cinéma. Et nous voici récompensés car le film recommence après le générique. J’aime bien quand les réalisateurs font ça ! Quelques images en plus, comme un clin d’œil pour ceux qui restent. A par que là, c’était des scènes entières, vingt minutes de film en plus ! Un vrai bonus ! La fin du film après le générique, gonflé le type ! Même pas peur que la moitié de la salle soit déjà partie. Nous sommes à peine une dizaine de personnes quand les lumières se rallument.
La directrice de la programmation apparait, bafouillant des excuses. Désolée, toute rouge et gênée qu’elle est.
« Vous avez compris ce qui s’est passé ? » nous demande t-elle ?  « Ben non, on n’a pas compris »
« Voila nous avons reçu le film aujourd’hui et le laboratoire a mal numéroté les bobines. La fin que vous avez vu aurait dû se trouver avant le générique et non après. »
« Alors après le générique, il n’y a rien ? » « Non il n’y a rien. » Nous sommes tous un peu déçus, elle nous plaisait bien cette fin décalée, dure, un peu hors du temps, comme la mémoire du réalisateur qui revient alors qu’il pense son travail terminé.
Hier soir, en rentrant de l'autre cinéma à côté de chez moi, dans nos têtes, impossible de remettre les bobines dans l’ordre. Le film sort le 25 juin, nous retournerons donc cette fois dans l’anonymat de la foule pour le revoir dans l'ordre décidé par monsieur Ari Folman... à moins que je ne graisse la patte aux projectionnistes afin qu’il la laisse comme les privilégiés de l'avant-première l'ont vue, la fin. Et tant pis pour les impatients qui ne verront jamais les numéros de visa d’exploitation à la fin des génériques !

Chaleureux remerciements au laboratoire dyslexique qui nous a fait passer une si bonne soirée.

mardi, 10 juin 2008

Electrochoc

Voici une vidéo réalisée par l'excellente Naomi Klein qui fait froid dans le dos. Soyons vigilant(e)s.