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samedi, 27 décembre 2008

un tueur à gages pour 6,20 €

Louise Michel.jpgSi vous êtes accro aux parachutes dorés et aux stocks options,

Si vous êtes patron, pédégé, directeur(trice) de tout, DRH, prési- dent d'association qui se la pète, chef, même petit,

Si vous donnez des ordres sans jamais en recevoir,

Si vous changez tous les jours de cravates à petits pois argentés, très chics,

Si vous tendez l’index en disant «Il faut faire ça, là, comme ça !»,

Si vous froncez les sourcils en inspectant le travail de vos subal- ternes, si vous criez tout rouge, tout le temps et sur tout le monde,

Si vous commandez, ordonnez, dirigez des hommes et des femmes,

N’allez pas voir Louise-Michel de Benoît Delépine et Gutave Kerven.

Mais si vous vous sentez harcelé, humilié, sous payé,

Si vous baissez la tête sous les injonctions, les ordres,

Si votre travail vous donne des crampes, des maux d’estomac,

Si vous n’avez jamais droit à la parole,

Si votre seule perspective de vacances, c’est le terrain vague derrière l’usine,

Si vous êtes intérimaire, main d’œuvre jetable ou sans papier exploité,

Si vous êtes un prolo, un ouvrier, un employé de seconde zone,

Si votre seule prime de nouvel an est une blouse de travail,

Courez vite au cinéma près de chez moi !

Ce n’est pas ça qui vous redonnera de la dignité, mais tuer son patron, même virtuellement, en rigolant, c’est déjà ça !

Pour les coordonnées d’un tueur pas trop cher, passez me voir à la Taverne.

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dimanche, 21 décembre 2008

Noyeux joël !

Alors moi, j’ai eu un joli harmonica, pour mon noël des blogueurs, l’autre soir. J’ai déballé au moment du dessert, un joli harmonica. Par tirage au sort, sans tricherie, ni copinage, j’ai eu un joli harmonica bleu. J’ai soufflé, aspiré, il marche très bien, il est réglé sur le do comme il se doit et se tient très bien dans la main. Je vais me mettre au blues et à la country music, m’acheter un beau chapeau de cow-boy en cuir, pour faire genre et enregistrer mes exploits sur Dailymotion. Vous allez voir ce que vous allez voir, ça va swinguer dans le quartier ! Mamour a eu une belle bouillotte. Jaune, qu’elle est la bouillotte. Il voulait mettre de l’eau pour la tester, là, tout de suite ; mais j’ai réussi à le convaincre d’attendre d’être rentrés à la maison pour le faire. Par contre, nous avons immédiatement défini la place de l’objet dans notre lit. Interdit de le mettre entre nous deux, pas question d’être séparés, même par de la chaleur réconfortante. Sa place sera à nos pieds pour réchauffer ses grands arpions de Berthe et mes petits petons de biche. Donc, nous voilà équipés pour affronter l’hiver rigoureux…
Tiens, je vais commencer par apprendre à jouer Jingle Bell, la période s’y prête. Je nous vois bien calés dans notre lit, piétinant du caoutchouc mou et jaune, Mamour chantant et moi soufflant et aspirant, bien comme il faut, les jolis chants de noël… Surtout que nos voisins nous ont fait une jolie décoration rien que pour nous, c’est sûr, puisqu’elle donne directement et uniquement sur la fenêtre de notre cuisine. Ça brille et clignote de partout en pleine nuit. J’espère juste que les avions ne vont pas confondre mon impasse avec l’aéroport de Biarritz… Déjà, cet été, on aurait dû se méfier car ils nous ont mis de belles plantes en plastic sur leur devant de fenêtre, au milieu d’arbres vivants tout étonnés de partager la maigre terre des villes avec des plantes made in usine… Une belle glycine du plus beau mauve et deux arbres à roses couleur saumon sont apparus en fin de mois d’août. Moi, naïve je me suis exclamée : « Oh, comme c’est joli ! ». Mamour qui, grâce à ses lunettes, rivalise avec l’aigle, a tout de suite vu que c’était du toc, du plastic et du tissu. Ça m’a tout cassé l’amour des couleurs et des fleurs. Forcément, si ce n’est pas du vrai, ce n’est pas joli. Mais attention, c’est drôlement costaud le plastic. Il peut pleuvoir pendant des jours entiers, les vents de l’ouest peuvent se déchaîner pendant toutes les nuits, jamais ça ne bouge ces cochonneries-là. Pas une feuille par terre, pas une brindille qui s’envole, pas de branches cassées, ni de fleurs fanées. C’est de la décoration durable ! Heureusement que son développement en est réduit ; pas de greffe, ni de pousses spontanées. Nous voilà donc avec une double décoration, celle permanente de l’été et celle de l’hiver qui, je l’espère, sera provisoire. J’ai quand même un peu peur pour Pâques !
Mais, bon, tout cela ne nous empêchera pas de passer de belles soirées. Ah, le bel hiver qui s’annonce ! Un petit bouillon de poule, les charentaises au pied du lit, les chats au creux des bras à qui je vais acheter des boules Quiès avant qu’ils ne plaignent à la SPA, Mamour et moi on va vite fait bien fait réinventer les bonnes vieilles traditions de fin d’année. Alors, si vous avez besoin d’animateurs ou d’animatrices pour ces fêtes de fin d’année, n’hésitez pas à nous contacter, vous nous trouverez facilement devant l’impasse avec des guirlandes accrochées aux faux arbres qui brillent. C’est que ça pulse dans le quartier, en couleur et en musique !
Noyeux Joël à tous !

déco noel voisins.jpg

dimanche, 14 décembre 2008

avant la séance

Un monde fou pour Burn after reading au cinéma à côté de chez moi. Un jeune homme ressort de la salle avant le début de la séance et vient vers moi.

Lui : « Bonjour madame, c’est vous qui fabriquez le pop corn ? »

Moi : « Ah, vous avez dit un gros mot ! »

Lui : « Euh, pardon mademoiselle ! »

Moi : « Non ce n’est pas madame le gros mot, cherchez mieux ! »

Lui : « … ?... »

Moi : « C’est pop corn le gros mot ici. »

Lui, souriant : « Bonjour, madame, c’est vous qui fabriquez le maïs soufflé. »

Moi : « Non, moi je vends du Buzet et des quiches au saumon. Mais c’est interdit de manger dans la salle. »

Lui, toujours souriant : « Et en plus j’imagine que si je rentre en retard pour la séance je vais me faire engueuler ? »

Moi : « Bienvenue dans le cinéma d’art et essai d’à côté de chez moi ! »

Début de séance.

pop corn.jpg

mardi, 09 décembre 2008

Le fabuleux goûter de Germaine Moulin, suite et fin.

classe d'antan.jpgBon où en étions-nous Germaine et moi ? Ah oui, sous le platane, elle, mordant dans sa tartine, son mouchoir couvert de miettes sur les genoux, et moi, pérorant, heureuse d’avoir un auditoire pour moi toute seule. C’est qu’elle était aussi heureuse Germaine, heureuse d’avoir une amie, heureuse de partager des mots, des histoires. Quand elle m’a proposé de mordre dans son goûter, je n’ai pas osé, pas pu. Le remord me serrait la gorge à m’en tordre les boyaux. Et puis, comme je vous l’ai déjà dit, moi, la confiture de fraise et le pain de campagne avec des gros trous… Je sentais bien aussi les flèches décochées dans mon dos par le noyau dur du groupe de Florence, j’en ruisselais de sueurs froides. « Ça pique ! » que je me suis écriée, Germaine m’a regardée d’un air interrogateur. J’’ai bafouillé une histoire de fourmis me trottant dans les jambes alors qu’en fait elles m’avaient déjà envahi le cœur. Puis la cloche a sonné. Je me suis mise en rang avec Germaine, sous les regards haineux mais silencieux de tout mon groupe d’amies affamées. J’avais trahi. Et par deux fois ! Judas vivant aurait pu venir pour prendre une leçon. De retour en classe, je levais la main pour demander d’aller aux toilettes. « Trop tard » m’a dit la maîtresse, « tu n’avais qu’à y aller pendant la récré ». Alors j’ai dû lutter avec mes bruits de boyaux pendant tout le cours de calcul. Et l’on voudrait que je sois bonne en maths ! À la sortie des classes, Florence m’a attrapée par le bras pour me demander des comptes. Ses amies en demi-cercle autour de moi attendaient aussi l’explication de cette trahison manifeste. J’eus donc droit à un procès en règle. Magnanime car au-dessus du lot, Florence m’a donné une dernière chance. Le lendemain, même heure, même endroit, je devrais m’emparer du goûter de la convoitise. J’ai baissé la tête sans répondre, je n’étais pas encore grande. En rentrant, je n’ai ni goûter, ni dîner, ni rien dit de toute la soirée. Les devoirs de calcul sont restés dans mon cartable et je ne me suis pas disputée avec ma sœur. Couchée de bonne heure, comme à mon habitude, je me suis efforcée de réfléchir, mais rien de bon ne me venait. Dans ma petite tête, un coup j’étais amie avec Florence : quand même, c’était Florence ! Un coup, je repensais à Germaine, gentille, calme, apaisante et rassurante. Elle m’intéressait, m’attirait par sa différence, Germaine. Elle me collait dans le cœur comme sa confiture sur les doigts. Je m’engluais dans ces sentiments nouveaux pour moi ; une véritable amitié naissait mais je ne le savais pas encore.

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samedi, 06 décembre 2008

Voyage à Paris

tour eiffel allumettes.jpg

Vendredi, petite soirée, il fait trop mauvais et les spectateurs préfèrent rester chez eux pour déprimer. Moi, très sage derrière mon comptoir, j’attends les rares spectateurs qui ont bravé le vent pour voir Stella, un film de Sylvie Verheyde. Une jeune fille rentre, dans le cinéma à côté de chez moi, un énorme sac sur le dos. Un peu routarde, un peu larguée. Ses yeux sont tristes mais son sourire avenant. Elle ne fait que passer.

« Bonjour » me dit-elle, « qu’est ce qui se passe ici ? ».

« Dans la salle est projeté le dernier film dans lequel joue Guillaume Depardieu ».

Elle se recueille en fermant les yeux puis enchaîne :

« Et l’affiche là, c’est quoi comme film ? Ça a l’air bien ! »

« Il n’est pas encore sorti, c’est Caos Calmo avec Nanni Moretti ».

Elle fait mine de partir puis se retourne vers moi.

« Bon, je vais y aller… j’ai un train à prendre… je vais à Paris… vous n’avez besoin de rien ? »

J’ai rapidement pensé à ma liste de courses, mais finalement j’ai répondu :

« C’est très gentil, mais non merci ».

Mais dès qu’elle a franchi la porte, j’ai regretté la boîte d’allumettes avec la tour Eiffel dessus.