lundi, 17 novembre 2008
Soirée Tango
Mais qu’est-ce qu’ils avaient tous vendredi avec le Tango ? C’est vrai, quoi ! Tout Bayonne s’était donné rendez-vous à la Taverne du cinéma à côté de chez moi pour assister à un concert magistral de tango avec Sueño Milonga , manger des empanadas, (chaussons fourrés à la yande, argentine bien sûr), et voir un petit chef-d’œuvre de film : « Une histoire de Tango ». J’aime bien quand il y a du monde, ça me met une sacrée pêche tous ces spectateurs de début de week-end, heureux de leur soirée trois en un pour moins de 15 euros. Mais là, franchement, c’était trop. Surtout que rien ne laissez prévoir cette ruée bandonéonesque devant mon comptoir devenu trop court d’au moins dix mètres. C’est qu’un amateur de tango ça danse et c’est beau, mais ça boit aussi beaucoup. Mais attention, pas n’importe quoi, pas de la kro au rabais (de toutes façons j’en vends pas), mais du bon vin, rouge comme la passion et la sensualité qui les animent, rouge comme le sang qui bat fort au son du violon qui les a fait vibrer. Oui, messieurs-dames, il y avait du violon à la soirée tango ! Moi j’y serais bien allée au violon, pour abandon de poste par exemple, histoire de me mettre au frais et à l’isolement. En fin de soirée, nous n’avions plus un verre de propre, j’en ai retrouvé le lendemain jusque dans les toilettes, ni de vin rouge, ni du rosé, plus rien à manger ni pour les musiciens ni pour les collègues complètement assommés par un tel brouhaha incessant. Le cinéma à côté de chez moi a participé grandement au réchauffement de la planète et ça c’est mal en cette période où il faut bien faire attention à jeter les gobelets en plastique dans la poubelle verte et non pas dans la grise. Evidemment, nous avons refusé du monde pour le film et les dépités sont restés au bar, histoire de noyer leur chagrin avec un petit coup de rouge. Il y en a même qui m’ont demandé du champagne, c’est pour vous dire que les gens n'étaient pas tous d’ici. D’habitude on leur remonte le moral en leur disant qu’ils boivent le coup du refoulé, histoire de les faire sourire un peu. Mais là, nous avions trop de rangement à faire pour plaisanter avant la sortie de la séance. Moi je tenais le coup en pensant à la bonne soupe qui m’attendait à la maison, mais pas avant minuit. Il faut vous dire que c’était une soupe à la citrouille, Cendrillon n’ayant pas pu aller au bal. Mon amoureux il y était, lui, dans la salle. Il y était allé en traînant des pieds et à reculons. Le tango ce n’est pas trop son truc, il est plutôt rock, voire rock basque. Plus trikitixa* que bandonéon, plus souvent accoudé au bar que sur les pistes de danse à plier les frangines comme des roseaux pour les faire se pâmer l’œillet rouge sang entre les dents devant les foules ébahies. Je l’attendais donc, lui et les 179 autres bienheureux et bien assis dans ma salle préférée. Quand ils sont sortis, j’ai tout de suite resenti la magie qui se dégageait d’eux tous en pleine extase. Ils avaient tous vu un chef- d’œuvre et les quelques uns qui sont restés à boire une bière, faute de vin, évoquaient la musique des dieux d'un film enchanteur. Devant leur bonheur affiché ma fatigue s’est faite plus légère.
Nous sommes rentrés ensemble, mon amoureux nouvel- lement tangophile et moi, lui la tête dans les nuages, fredonnant des airs que je ne lui connaissais pas et moi traînant les pieds sur le pavé glacé, pensant à ma soupe ...et faisant bien attention de ne pas perdre mon soulier. Ne le répétez pas, mais, depuis vendredi, il me semble que mon plébéien fait des pas glissés sur le parquet de notre home sweet home. A chaque demi-tour, il tour- noie, virevolte, même avec ses charentaises à carreaux et à trous, il serait comme qui dirait plus léger, léger…
trikitixa* : accordéon basque
17:10 Publié dans il faut soigner son relationnel | Lien permanent | Commentaires (3)
lundi, 03 novembre 2008
Lingerie pour fille
Si vous pensez que je n’ai pas vu votre petit jeu, vous vous mettez le doigt dans l’œil jusqu’à la gorge profonde ! Qu’est ce que vous croyez, que je ne vais jamais sur les autres blogs ? Que je ne vois pas votre petit manège autour des dentelles, des balconnets,et autres strings à paillettes ? J’ai bien compris pourquoi vous étalez de la lingerie à toutes les pages de vos blogs identiques, vous cherchez à attirer les filles qui rêvent de soie et de satin et les garçons qui aiment les filles qui aiment la soie et le satin. Et tout ça pour augmenter vos statistiques, pour être vus, lus ou gros lulus sur le web international du monde entier. Eh bien, moi aussi, je vais vous prendre dans ma toile, englués, tout poisseux que vous allez être ! Je vais faire dans le dessous, pour toujours être au-dessus. Mais attention pas question de suivre les modes présentées par des filles anorexiques de moins de quinze ans. Je préfère circuler dans la marge des marques racoleuses. Moi je veux promouvoir la mamie, l’amatxi*, la mémé qu’on ne regarde plus comme une femme. Je suis old fashion, moi, monsieur ! Les bas qui scintillent et qui crissent, non merci, je laisse ça à la majorité froufroutante.
C’est que j’en ai vendu des gaines et des corsets sur les marchés de ma jeunesse ! J’en ai vu défiler des femmes (et même des hommes) qui se trouvaient trop grosses, trop fessues, et c’est souvent en rougissant qu’elles essayaient ces carcans, rêvant qu’ils feraient d’elles des stars de télé.
Alors gloire à vous gaines et corsets, grandes culottes et soutien-gorges renforcés ! Gloire à tous ceux qui aiment le coton brut et le blanc grand teint ! Je suis sûre que vous êtes assez nombreux pour réveiller mes stagnantes statistiques. Je vous en donnerai la preuve en images dans les trois jours qui viennent...
*amatxi = grand-mère en basque.
Voici donc ma collection spéciale grosses doudounes, automne-hiver 2008-2009
18:21 Publié dans il faut soigner son relationnel | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : lingerie, soutien gorge, string
jeudi, 25 septembre 2008
Classe sociale
Je ne sais pas vous, mais moi j’ai remarqué que dans la vie, les gens sont tous différents. Vous l’avez remarqué aussi, forcément, car j’imagine bien que vous en côtoyez aussi, des gens. Moi je les aime bien, les gens. Ils sont mon miroir et me renvoient ce que je suis ou ce que je ne serai jamais.
Donc, les gens sont tous différents :
Il y a les fragiles, toujours la larme à l’œil cachés derrière leurs cheveux, le regard bas, ils traversent la vie dans la douleur.
Il y a les forts, les costauds de la vie qui ne craignent rien ni personne, autoritaires, ils passent sans se retourner, sans états d’âme.
Il y a les rigolos que l’on qualifie de petits. Pourquoi les rigolos devraient-ils toujours être petits ?
Il y a les gentils, toujours prêts à tendre la main, la joue, le sourire au coin des lèvres.
Il y a les fiers, qui même avec une serpillière sur la tête gardent une allure de prince.
Et puis il y a ces gens qui ont de la classe. Ça ne se remarque pas forcément au premier coup d’œil, la classe, rien à voir avec l’appartenance sociale, l’épaisseur du porte-monnaie ou le nom de famille.
Mon amoureux, par exemple, pour parler de quelqu’un que je connais bien, a beaucoup de classe. Ouvrier et fier de l’être, il devrait appartenir à la catégorie des petits, des sans grades, voir des moutons suiveurs, ceux que l’on croise dans la rue, que l’on bouscule sans se retourner parce qu’on n’a pas de temps à perdre. Eh bien non, il est instruit, intelligent, fier, il réfléchit et se préoccupe du sort des plus humbles en faisant plein de moulinets avec les bras. Quel rapport avec la classe me direz-vous ?
Vous n’êtes pas sans savoir qu’en ce moment j’ai du souci au cinéma près de chez moi. Je serre les dents, je bosse du mieux que je peux, en gardant une bonne humeur que j’espère communicative. Et malgré quelques crampes à l’estomac, je crois que je m’en tire pas trop mal. Je me surnomme Rosetta et rien ni personne ne pourra m’empêcher de mener ma mission jusqu’au bout de la nuit. Eh bien, imaginez-vous que l’autre jour, hier pour être précise, en arrivant sur mon lieu de travail, un magnifique bouquet de fleurs m’attendait. Rouges comme le sang de la vie, vertes comme l’espoir qui m’anime, les fleurs trônaient sur le comptoir en me tendant leurs tiges à caresser. J’ai fait ma « caméléonne » en virant au carmin, cerise, corail, cramoisi, grenat, incarnat, pourpre, sang, vermeil, vermillon… entre autres. Bien évidement il y a avait un petit mot pour accompagner les gerberas, les roses et les œillets. Un mot d’encouragement, plein de poésie, d’amour et de délicatesse. Quatre lignes sur un papier de fleuriste qui inondent de bonheur les journées les plus tristes. Tous le monde m’a demandé si c’était mon anniversaire, ma fête, si j’attendais un bébé, à quelle date était prévue notre mariage, j’en passe et des meilleurs. Non, rien de tout ça. Juste une marque de solidarité, d’encouragement, d’accompagnement. Le bouquet est resté bien en évidence pour que les jaloux, les pisse-froid se rendent compte à quel point je suis forte parce que je suis aimée. Alors, c’est pas la grande classe ça ?
Et si je meure demain, on ne sait jamais, je veux qu’on m’enterre sans fleurs ni couronnes mais avec juste ce joli mot posé sur le cœur. Vous le trouverez facilement, j’ai jeté tout le contenu de mon sac de fille pour ne garder que lui.
19:13 Publié dans il faut soigner son relationnel | Lien permanent | Commentaires (5)
dimanche, 13 juillet 2008
Comment j'ai failli mourir...
Comme vous le savez déjà, au cinéma à côté de chez moi, nous recevons souvent des personnalités (et ça me réjouit toujours le cœur). Vendredi dernier, nous avions la chance d’avoir parmi nous la très belle Nina Agossi en avant première de La ruée au jazz, festival qui porte bien son nom quant à sa fonction culturelle sur notre belle ville de Bayonne.
Nina était donc là dès l’après-midi pour une conférence de presse et une série de photos à laquelle elle s’est prêtée avec grâce. C’est qu’elle est belle et souriante et grande et noire et féline et sympa, Nina. Un petit détail, quand elle est arrivée je la croyais d’origine américaine, je ne sais pas pourquoi, mais je m’étais mis ça dans la tête. Peut-être à cause de la commande passée au bar par la personne qui l’accompagnait, un peu secrétaire, un peu impresario et certainement amie fidèle.
-« Un c.c.-cola pour Nina » qu’elle me demande la copine.
-« Ben je n’en ai pas, moi je ne vends que du Ehka-Cola , marque locale, dont le sucre est issue du commerce équitable ».
- « C’est pareil, j’en prends un. »
-« Non, ce n’est pas pareil » que je pense, en lui tendant la bouteille.
Et hop, deux euros de plus dans mon escarcelle et la joie pour moi d’avoir vendu une boisson alternative à la place de la marque américaine la plus connue au monde. J’étais un peu fière de voir avec quelle facilité j’avais converti les Etats-Unis aux coutumes subversives du commerce basque.
Pendant que Nina répondait gentiment aux questions des journalistes en face de mon comptoir, je fanfaronnais toute sautillante dans ma tête car, franchement, la journée avait drôlement bien commencé. Il m’en faut si peu pour être heureuse ! Je décidais donc de fêter ça en buvant moi-même de cette boisson sucrée et noire afin de faire comme Nina. Peut-être deviendrais-je aussi un peu plus grande, un peu plus belle, un peu plus noire et surtout peut-être que ma voix se « cristalinisera » au firmament des nuits bayonnaises…
Il faut vous dire que je ne bois jamais de ces boissons là. C’est trop sucré, y’en à trop dans la bouteille, ça ne désaltère pas et ce n’est pas très bon avec son goût chimique, mais, là, je voulais faire comme Nina. Et voila ce que c’est de manquer de personnalité ! Dès la première gorgée, j’ai senti un tsunami dans la bouche, j’avais soif et j’ai bu ça comme de l’eau. Nina, en face de moi, ne me regardait pas particulièrement mais pas question de cracher cette mousse de marée noire et toutes ces bulles qui commençaient à exploser les unes après les autres dans ma trachée artère. Je m’étouffais donc mais en essayant de le faire discrètement et avec classe. Cherchant de l’aide, je me suis précipitée dans le bureau de mes collègues qui pensaient que je faisais encore une fois l’imbécile en roulant des yeux. Elles ont fini par comprendre et une bonne claque dans le dos parvint à réorganiser la bonne circulation du liquide agressif. Je me sentais bête. Forcément, je l’avais été. Nina, toujours assise, n’avait rien vu. Je venais donc d’éviter le ridicule, en même temps que les urgences, les pompiers et l’inspection du travail pour le pédété*. Le pire, vous savez quoi ? C’est que Nina n’a même pas bu son Ehka en entier, trop bavarde qu’elle est.
A part ça, les touristes sont bien arrivés, ils me demandent souvent pourquoi notre plancher est si gondolé. Je vous le dis une fois pour toutes, c’est qu’il se marre, le plancher, de me voir si bête en son miroir.
* Le cinéma près de chez moi est géré par une association, le pédété en est le président.
14:30 Publié dans il faut soigner son relationnel | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jazz
mardi, 01 juillet 2008
Je, madame la ministre
Voila, encore une fois, Toulouse Champion de France de Rugby. Franchement, j’avais une petite préférence pour Clermont, mais, bon, ils n’y étaient pas, ils n’y étaient pas ! Ce n’est pas du match dont j’ai envie de vous parler mais de la mi-temps et, plus précisément, de la reprise d’antenne après le quart d’heure d’inévitables pubs pour les pneus, la mousse à raser et autres produits dérivés : rasoir, rasoir… Tout que pour les garçons en plus ! A la reprise, donc, j’étais affalée sur mon canapé quand est apparue madame la ministre de la Jeunesse et des Sports. Tout sourire qu’elle était, Roselyne. Pendant que le journaliste l’interrogeait sur l’issue du match et sur son pronostic, elle nous faisait des mines en dodelinant de la tête, roulait des yeux pour faire drôle. C’est que c’est une belle fête, le rugby, on n’est pas là pour pleurer non plus et on a bien vu qu’elle était heureuse, Roselyne, de parler dans le poste. Bien sûr aucune déclaration essentielle n’est sortie de sa bouche et, de toutes façons, on n’attendait rien de tel. Je me suis mise à penser : Ah, le beau métier qu'elle a ! Dans la tribune d’honneur, la coupette à la main (elle peut même en prendre plusieurs, elle a un chauffeur, Roselyne), la ministre assiste depuis l’angle idéal à tous les matchs qu’elle veut. A la fin, elle sert les mains des joueurs, elle félicite ou réconforte, elle peut même leur faire la bise, si elle veut, la veinarde. Je suis jalouse ! C'est sûr qu’elle collectionne les calendriers de rugbymen presque tout nus qui aguichent les amateurs(trices) de corps parfaits, dans les cuisines, les salles de bain...
Alors, voila, c'est décidé, moi aussi je postule. Je me sens tout à fait capable d’en faire autant. Ce n’est pas difficile ministre des Sports. Moi aussi, je veux leur parler, les voir jouer en direct, leur faire des clins d’œil tellement je suis bien placée dans la tribune. Je vous promets, chers électeurs, chères électrices, de porter tous les sports au niveau le plus élevé. Et puis je suis une puriste, je m'engage : Le dopage c'est mal, trop de sous dans le sport, aussi. Ça va transpirer dans les écoles qui seront suréquipées de baballes et de matériels sophistiqués. Les Américains viendront s’entraîner chez nous. On ne dira plus fort comme un Turc, mais champion comme un Français. On sera tous grands, bronzés et musclés, un exemple pour le monde entier. Plus de pub à la télé mais du sport à gogo et attention ,pas que du foot, non, du canoë, de la gym, du curling, de la pelote basque, de l’athlétisme, du judo et, surtout, pour mon amoureux qui refuse toujours de regarder n’importe quelle retransmission : de l’haltérophilie ! Je ne sais pas pourquoi mais il en regarderait bien à la télé. Il m'en réclame déjà alors que je ne suis même pas encore ministre, c’est vous dire. Donc, quand je serai LA ministre des Sports, à 20 heures tous les soirs : haltérophilie entre la poire et le fromage. Ah, le joli programme que je vous concocte !
Donc on est d’accord, on change de gouvernement. Je ne vais tout de même pas être ministre dans celui-là, faut pas déconner non plus ! Quand je serai "élue" ministre, je verrai tous les matchs de rugby que je veux. Vous, vous ferez du sport où vous voulez, comme vous voulez et Mamour pourra se réconcilier avec la télé en regardant de l’haltérophilie. Je crois qu’il est persuadé que l’"altérophilie" c’est l’amour des autres. Surtout ne le décevons pas, pour une fois qu'il s'intéresse au sport.
17:42 Publié dans il faut soigner son relationnel | Lien permanent | Commentaires (2)