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dimanche, 07 octobre 2007

Soyez discrets

Il faut que je vous avoue quelque chose : mon amoureux n’aime pas le rugby de la télé, mais alors pas du tout. Il ne m’accompagne pas chez nos amis pour suivre les matchs, il coupe le son de la radio quand on y parle rugby, il n’aime pas les voisins qui trépignent à l’étage au-dessus parce qu’ils viennent de découvrir qu’il y a un sport qui s’appelle rugby et  que l’équipe de France vient de passer les quarts de finale.

Il n’aime pas les drapeaux agités, les maquillages et déguisements, les coups de klaxons. Tout ça le déprime, l’anéantit et je ne vous parle pas de ses coups de gueule.

Je lui ai bien suggéré d’organiser, avec quelques amis réfractaires au sport de compétition, des réunions Tupperware les jours de match, mais il préfère rester à la maison, la bouderie au coin des lèvres.

Moi, il y a longtemps que j’ai puisé chez nos amis anglais leur flegme légendaire pour affronter tout cet étalage de nuages noirs qui s’accumulent dans mon salon. Je gère, je négocie, j’évite, je contourne, une petite passe par-dessus et hop, tout en douceur, je le projette en touche et je récupère le ballon de ma passion.

Là, présentement, je viens de négocier avec sa patience parce que, non, décidément, non, ça ne peut pas s’arrêter maintenant. On ne peut laisser filer les Anglais jusqu’en finale, ils ne jouent même pas un beau rugby ! Ils ne marquent pas d’essais…

« On, qui ça on ? » me rétorque-t-il par-dessus ses lunettes.

Je pick and go avec mes argument jusqu’à l’épuisement, je l’étourdis et je finis par lui planter un essai que je transforme entre ses poteaux avec un bisou pour le faire taire. Repli stratégique de l’amoureux malheureux dans la cuisine : J’ai gagné, j’ai gagné  pendant au moins une bonne demi-heure !

Mais s’il vous plait, mesdames, messieurs, soyez discrets. N’exhibez pas vos frimousses peinturlurées dans mon quartier, rentrez de chez vos amis sur la pointe des pieds !  Si vous avez la passion exubérante, la voix qui porte et le klaxon bloqué sur « on », évitez de passer dans ma rue la semaine prochaine. Je veux bien faire le ballon dans le creux de ses bras pour contenir toutes les vérités de mon Cassandre, mais soyons solidaires, mesdames, messieurs, car le rugby est un sport d’équipe.

 

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