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vendredi, 06 février 2009

C'est pas banal !

vampires.jpgBen dis-donc, c'est quand même pas banal le cinéma ! Hier Mamour et moi sommes allés voir Morse, un film suédois de Tomas Alfredson. Ça ne vous dit peut-être pas grand chose, le cinéma suédois, ni les regards qui en disent plus long que les discours, ni les films de vampire... Eh bien, il est temps de revoir votre jugement, parce que c'est drôlement bien, Morse. C'est un film de genre revisité. Le vampire ne cache pas son visage derrière une grande cape noire avant de fondre sur ses victimes pour les amener dans un grand lit à baldaquin, les séduire et les rendre vampire eux-mêmes dans de voluptueuses torpeurs languissantes et sanguinolentes. Il n'a pas de canines qui dépassent et qui font que l'on se méfie. Non, ici le vampire il est joli comme tout, tout fin, tout léger, pas méchant pour un sou. Le vampire est une jeune fille de 12 ans, avec un grand regard profond et doux. Et ça, c'est pas banal, vous en conviendrez ! Sur fond d'amitié juvénile, l'histoire se déroule dans les frimas et les longues nuits d'hivers suédois. Ils sont comme nous les Suédois, à part qu'ils ont des vampires dans leurs HLM, à côté de vrais gens qui travaillent et qui vont au bistrot en fin de journée pour se détendre. Leurs collèges ressemblent aux nôtres et les djeunes sont les mêmes. Un peu bête pour certains, seuls pour d'autres, et vampires pour les derniers. Tout comme dans la vraie vie, quoi ! Et comme il faut bien manger, se nourrir pour vivre, alors, la jolie vampire, elle attaque les gens. Elle pourrait aller voler du sang dans les hôpitaux de la ville, mais ça ne lui conviendrait pas la pauvrette, elle a besoin du sang frais de ses voisins pour se régénérer. C'est quand même pas de sa faute si elle ne peut rien avaler d'autre sous peine de vomissement ! Donc, elle est plutôt sympa la petite et ça, dans un film de vampire, c'est pas banal non plus !

Moi je l'ai toujours dit, j'adore les araignées, les fantômes, les sorcières et leurs chats noirs et, depuis hier soir, les vampires. Je n'irais pas jusqu'à en adopter une (non, faut quand même pas déconner !) : les jeunes, même vampires, ils sont pas faciles à 12 ans. Alors, par précaution, le soir en rentrant de mon travail du cinéma à côté de chez moi, je mettrai une grande écharpe bien épaisse, piquée de gousses d'ail, pour protéger mon petit cou gracile, on ne sait jamais.

samedi, 27 décembre 2008

un tueur à gages pour 6,20 €

Louise Michel.jpgSi vous êtes accro aux parachutes dorés et aux stocks options,

Si vous êtes patron, pédégé, directeur(trice) de tout, DRH, prési- dent d'association qui se la pète, chef, même petit,

Si vous donnez des ordres sans jamais en recevoir,

Si vous changez tous les jours de cravates à petits pois argentés, très chics,

Si vous tendez l’index en disant «Il faut faire ça, là, comme ça !»,

Si vous froncez les sourcils en inspectant le travail de vos subal- ternes, si vous criez tout rouge, tout le temps et sur tout le monde,

Si vous commandez, ordonnez, dirigez des hommes et des femmes,

N’allez pas voir Louise-Michel de Benoît Delépine et Gutave Kerven.

Mais si vous vous sentez harcelé, humilié, sous payé,

Si vous baissez la tête sous les injonctions, les ordres,

Si votre travail vous donne des crampes, des maux d’estomac,

Si vous n’avez jamais droit à la parole,

Si votre seule perspective de vacances, c’est le terrain vague derrière l’usine,

Si vous êtes intérimaire, main d’œuvre jetable ou sans papier exploité,

Si vous êtes un prolo, un ouvrier, un employé de seconde zone,

Si votre seule prime de nouvel an est une blouse de travail,

Courez vite au cinéma près de chez moi !

Ce n’est pas ça qui vous redonnera de la dignité, mais tuer son patron, même virtuellement, en rigolant, c’est déjà ça !

Pour les coordonnées d’un tueur pas trop cher, passez me voir à la Taverne.

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vendredi, 07 novembre 2008

la vie moderne

la vie moderne.jpgComme tout le monde le trouvait formidable, émouvant, fantastique, bouleversant, extraordinaire, voire le plus beau documentaire sur nos campagnes, je me suis dit, il est pour moi ce film. « Le masque et la plume » l’a encensé, « les Inrockuptibles » sont dithyrambiques et les spectateurs sortant de la salle ont tous la larme à l’œil, donc, forcément le voyant « chef d’œuvre » s’est allumé dans ma petite tête. Et vite, vite avant que l’on me raconte la fin, je file mon amoureux au bout du bras et le parapluie de l’autre, au cinéma près de chez moi pour voir la merveille des merveilles du cinéma de Depardon : « La vie moderne ».

C’est qu’on en voit du monde sur ce film et de partout. Des gens de la ville qui regrettent les pots de confiture de leur enfance et de leur grand-mère, mais il y a aussi des gens de la campagne qui viennent en famille pour voir comment on parle d’eux dans les cinémas de la ville. Ils sont mignons avec leur béret vissé sur la tête, heureux d’avoir pu échapper aux travaux routiniers pour une bouffée de bonheur partagé. Donc nous aussi, nous voulions notre part de bonheur. Au  premier rang les miettes sont plus nombreuses, c’est ce que je me dis toujours et c’est pour ça que je m’assoie devant pour récolter ces gouttes de bonheur qui s’échappent des films en pluie plus ou moins fine. Eh bien là, nous avons eu droit à un tout petit crachin, de ceux qui s’évaporent avant même de toucher le sol. Nous nous sommes regardés à la fin du film, Mamour et moi, avec la même déception de l’amoureux éconduit. Alors il est où notre bonheur de venir de la terre ? Elle est où ma larme à l’œil ? Et mon envie de binage, de jardinage, d’élevage de veaux, vaches, cochons, couvées ? Pas dans ce film toujours. Raymond Depardon fait juste un constat et des plus triste encore. Il filme des gens usés qui n’ont plus de combat à mener, ni rien à dire si ce n’est que c’est leur fin. Leurs fins de vie et de labeur, dans des fermes qui s’écrouleront après eux. Depardon filme des gens venus de la ville qui eux ont plus de chose à dire, plus d’espoir, plus de rêves, mais qui ne réussissent pas à les mener au bout. Depardon pose sa caméra devant le tracteur du benêt du village qui ne sait pas ce qu’il aurait voulu faire. Il est gêné le pauvre gars, il regarde ailleurs, vers un futur bouché pour lui. Et nous aussi nous sommes gênés de ce voyeurisme imposé. C’est vrai que ça peut être beau les silences dans un dialogue ! Ils expriment souvent plus que de longs discours, appuient les sentiments tus, les pudeurs enfouies et les mots qui manquent prennent tout un sens. Mais là il y a sens unique, voie de garage, impasse totale. Depardon ne s’engage pas, ne dénonce pas. Il ne montre aucun paysan (aujourd’hui on dit agriculteur) qui se bat pour faire vivre sa terre et nourrir l’humanité. Il ne retrousse pas ses manches après avoir craché dans ses mains. Une bonne suée de bonheur, c’est ça que j’aurais voulu ! Même si il faut bosser dure pour ça ! Je pense qu’il aime ses paysans, il les connaît depuis longtemps, mais il les laisse seuls au seuil de l’hiver et nous, nous prenons froid devant tant de vide.

Bon, maintenant je vais ramer comme pas deux quand les spectateurs vont venir pour leur dose de bonheur bucolique. C’est que ce n’est pas facile de promouvoir un film que l’on n’a pas aimé. Heureusement que les radios, les critiques et la télé ont fait tout le boulot publicitaire, comme ça je n’ai qu’à poser un joli sourire pour les spectateurs qui attendent de rentrer dans la salle, afin de semer à ma façon une gouttelette de bonheur, pour une prochaine récolte que j’espère florissante.

mercredi, 22 octobre 2008

I feel good !

yong@heart.jpg

Incroyable j'ai déjà trouvé un cadeau à faire à ma mère pour noël ! Je vais lui offrir une place pour aller voir au cinéma près de chez moi : Young@Heart (que j'ai eu la chance de voir hier en avant-première.) Ça va lui plaire ça à ma mère, c'est sûr. Question de génération !

Comme d’hab, je n’avais pas lu le résumé dans la Gazette et m’attendais à une comédie façon Full Monty sur une chorale de vieilles personnes. C’est toujours sympa les comédies, surtout que je la pensais anglaise celle là. Les avants premières c’est difficile, les spectateurs n’ont rien lu, rien entendu, ni vu aucune promotion à la télé, alors évidemment c’est une prise de risque et l’on sait bien que les prises de risque en cette période sont frileuses même pour 4,20€ de cinéma. Nous n’étions donc pas plus de cinquante pour cette aventure...

Ma première surprise fut qu’il ne s’agissait pas d’une fiction anglaise mais d’un documentaire américain. Aye, aye que je pensais toute seule dans mon fauteuil. Je m’en voulais déjà ne n’avoir même pas regardé la durée du film… Mais bon, j’étais là au chaud en plein milieu de ma première rangée, il faut savoir que la première rangée du cinéma est toute à moi, exception faite du fauteuil bleu en plein milieu qui est à mon amoureux, c’est comme ça, maintenant tout le monde le sait. Je décidais donc de me laisser porter par la musique et les regards troubles de ces vieilles personnes de la middle class américaine, en me disant, il y a quand même pire comme situation, je pourrais, par exemple, travailler dans un placard...

Ben mon colon, ça file une sacrée pêche de voir que la vie commence après 60 ans ! Et là ils en ont  même 30 de plus, le plus jeune a 75 ans et la plus âgée 93 ans. Et attention, faut voir le répertoire, c’est pas du « Jingle bells » ou de belles ballades du lointain Far West, chantées au coin du feu, le ukulélé à la main et le trémolo dans la voix, non ce n’est pas du tout ça ; ils chantent du Clash, du James Brown, du punk, du rock en se dandinant en rythme avec toute l’énergie dont ils sont capables. C’est ça qui les maintient en vie, évidement. D'ailleurs, ils n'ont pas peur de la mort parce qu'ils l'attendent dans la joie au sein d’une communauté qui les soude à la vie. On les voit déambuler à petits pas, la canne à la main et des tuyaux dans les narines pour les aider à respirer, je sais que c’est pas évident à croire, mais ils ont une de ces pêches si communicative que cela donne envie de crier : « Petits vieux de tous les pays unissez-vous  !». J’avais bien de temps en temps un peu peur que leur cœur ne flanche quand ils poussaient le fameux cri d’intro de : « I fell good » de monsieur James Brown. Mais non, la machine a tenu alors qu'ils enchaînaient les morceaux comme des perles pour un collier de fille, les chanteuses et chanteurs de cette chorale arthritique dirigée d’une main de fer par un jeunot de 53 ans. C’est qu’il est têtu leur chef, il veut toujours que cela soit parfait, même si c’est difficile, même si la musique est trop forte ou trop rapide. Il ne lâchera rien et le résultat est fantastique... Bien sûr, la réalisation est toute à fait naméricaine, c'est à dire sans surprise, les bons sentiments sont au rendez-vous, mais je pense qu'après avoir vu ce film,  nous regarderons autrement les fonds de passion euh pension.

Voilà, Young@Heart, c’est juste une belle leçon de fin de vie et un peu de chaleur à emmagasiner pour l’hiver qui arrive, surtout que c’est de la chaleur humaine, alors, hein, forcément, ça fait du bien. Je sais que le film sortira le 24 décembre et il portera pour le public français qui a un peu de mal avec les @, le joli nom de "I feel good".

 

lundi, 29 septembre 2008

Ils sont riches les Naméricains

Sans titre - 1 copier.jpgHier, jour de repos et inévitablement de cinéma, une fois n’est pas coutume, je suis allée voir un film pour djeunes. The Dark Knight qu’elle s’intitule la dernière vision de Christopher Nolan sur la vie et l’œuvre de Batman.
De suite on voit tout les sous qu’ils ont mis dans le film. Ils sont riches les Naméricains. Ça pétarade de partout avec des gros bazookas dernière génération, les vitres explosent toutes les cinq secondes et je ne vous parle même pas des costumes et des véhicules de tous ces braves gens qui ont bien du souci pour maintenir la justice dans une ville sans âme. Ils mettent beaucoup de sous pour faire un film et c’est pour ça que c’est un film de djeunes qui aiment quand les explosions succèdent aux courses poursuites et aux tirs nourris de toutes parts. Mais attention, pour être un vrai film de Naméricains, il faut aussi que les héros et tous les personnages aussi soient riches, sinon le film pourrait être anglais, canadien ou même français. Donc les héros vivent dans l’opulence, à commencer par Batman himself qui est un des hommes les plus riches de la planète. Ça on le sait parce qu’il nous le dit, le gars, et il nous le montre. Il a obligatoirement une Batmobile qui se transforme en Batmoto, des Batcopines, un Batappart (penthouse) et des Batfactotums. Bien sûr on ne sait pas comment il a bâti sa fortune, Batman. Est-ce que des centaines de Mexicains travaillent pour lui et pour trois cacahuètes dans des conditions précaires ? Est-ce qu’il a trafiqué par le passé (et pour se racheter il œuvre désormais en faveur de la justice) ? On ne sait pas. Et de toutes façons les djeunes ils s’en foutent. Toujours est-il qu’il est assis sur un tas de stock-options qui le mettent à l’abri du besoin, pour toujours. Mais il n’y a pas que lui qui soit riche, le méchant, le vilain, personnage le plus intéressant du film, est riche aussi, et drôlement même… Joker qu’il s’appelle, moi j’aurais préféré Cinq de Pique, mais non, lui c’est Joker. Il possède tout un tas d’armes, d’explosifs, qui même achetés en solde doivent correspondre au PNB de l’Afrique entière. D’ailleurs on le voit brûler tous ses billets gagnés malhonnêtement, pour bien dire qu’il est méchant, fou et que ses raisons assez obscures pour détruire Batman ne relève pas de l’envie ou du besoin de posséder une grosse fortune comme les autres méchants, dans les autres films. Les personnages secondaires sont riches aussi. Même le flic de base doit l’être, riche, puisqu’il court toujours sans jamais s’arrêter ni pour manger ni pour dormir. Il cumule un max d’heures sups, et si il s’en sort, on imagine bien sa retraite dorée en Floride ou en Californie. Bref, tout le monde est riche, mais malheureux. À la fin, le gentil et fade Batman est banni de la société, on sait que Joker reste en vie, il faut bien prévoir une énième suite… avec encore plus de moyens. Bon, je m’arrête là, il faut que je regonfle les semelles de mes chaussures pour aller travailler dans mon Bathcinéma à côté de chez moi.