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vendredi, 19 septembre 2008

J’ai du souci

 

Bon c’est vrai, en ce moment, j’ai du souci dans ma vie, et c’est incroyable comme cela parasite tout mon temps qui passe. Je dis ça comme si je le découvrais alors que je ne suis pas née de la dernière pluie (hier matin), et donc je le savais déjà. Ca parasite la vie, l’envie d’écrire, la communication, le sommeil, très important le sommeil, mais c’est formateur, c’est comme ça le souci. Mais rien ne m’empêchera jamais d’aller au cinéma à côté de chez moi pour voir de beaux films et pour vous les recommander. Donc, voici en vrac et dans le désordre les films que je vous recommande :

Le silence de Lorna des frères Dardenne. Si moi j’ai du souci, je ne vous dis pas pour Lorna ! C’est une vraie boîte à emmerdes à elle toute seule. C'est son histoire, très forte, celle d'une lutte permanente pour survivre. Sa vie est noire, sèche. Un bon remède pour relativiser le souci. Match nul entre le bonheur et le souci.

Rumba de Fiona Gordon, Dominique Abel et Bruno Romy. Evidement, je suis allée le voir, depuis le temps que je vous en parle ! Il faut dire que je l’attendais en trépignant devant la salle. Et là c’est tout le contraire du souci, c’est la poésie à l’état pur, le burlesque, la joie de vivre, un conte magnifique, un cinéma lumineux. C’est sûr, quand on a du souci, on est drôlement mieux armé à la sortie et il a intérêt à se faire tout petit le souci. Un à zéro pour le bonheur.

Parlez moi de la pluie d’Agnès Jaoui. Si vous avez besoin d’une bonne dose d’intelligence supplémentaire, d’humour et de phychologie pour régler le souci qui vous taraude, courrez vite au cinéma à côté de chez moi. Vous serez tellement excité par ce cinéma que ce n’est plus le souci qui vous empêchera de dormir, mais les fous rires en repensant au film. Tiens, ça me fait penser qu’il faut que j’achète du fenouil. A mon avis quelques scènes anthologiques resteront dans la mémoire des cinéphiles. Deux à zéro pour le bonheur.

Hier nous sommes allés voir, en avant-première, mon amoureux et moi, la Palme d’or du festival de Cannes : Entre les murs de Laurent Cantet. Je ne sais pas comment on peut représenter un sifflement d’admiration sur le clavier, mais là on peut faire une pause pour siffler, applaudir, se lever en signe de respect, la hola, n’est pas du tout appropriée donc je ne vous la propose pas. C’est un constat terrible sur l’enseignement, à mon avis, ils ne sont pas prêts de recruter dans l’éducation nationale avec ce film. Mais c’est la société toute entière que l’on sait malade. Un bel hommage au métier de professeur. Nous sommes pendant plus de deux heures dans une salle de classe de 4ème, mais je n’ai rien reconnu de mes cours passés dans l’espièglerie gentillette des années soixante-dix. Alors là c’est pas gagné pour le bonheur, écrasé qu’il est, dépassé, distancé, il n’est plus dans la course. Souci vainqueur par KO. Notre société est malade, les jeunes sont perdus, les profs rament et font ce qu’ils peuvent, contre vents et marées pour maintenir un bateau qui coule, et là je vous le dis, on a tous du souci à se faire. Et pour parler comme les profs de français, souci est un doux euphémisme.

lundi, 28 juillet 2008

La Soledad

la soledad.jpgLa saison cinématographique se termine, les vrais cinéphiles qui se moquent du soleil ou de la pluie ont vu tous les films proposés par le cinéma à côté de chez moi. Ils ne viennent plus et si l’on fait 30 spectateurs dans la journée, on est content. Il reste toutefois quelques perles d’été, qui sont là comme un feu d’artifice de fin de saison et qu’il faut voir. Je ne sais pas moi, par exemple après l’apéro, ou avant la plage, vous trouverez bien un petit créneau de deux heures et dix minutes pour aller voir le magnifique film espagnol : La soledad (Eh oui, encore un film espagnol, !). Ils sont prolixes à Madrid ou dans le Léon, je n’aime pas tout chez eux, inventeurs du garrot et de la corrida, je n’aime pas leurs rapports à la mort et à la torture mais j’aime leur cinéma, jeune, original, décalé. Les Espagnols poursuivent leur petit bonhomme de chemin dans le septième art où ils ont littéralement explosé avec un grand réalisateur comme l’ami Pedro, précurseur de la movida, avec Javier Bardem un des meilleurs acteurs au monde, à la fois complet et sobre dans un jeu toujours juste. Et voila que maintenant Jaime Rosales nous pond un petit bijou ciselé tout en finesse. Il a bossé le bougre et ça se voit, partageant son écran en deux pour nous rendre voyeurs, intimes de ces deux familles que l’on découvre comme si c’étaient les nôtres ou celles de nos amis, mais cela ne dérange pas, on les suit et très vite on les aime avec leurs faiblesses et leurs douleurs. C’est la vie de tous les jours filmée avec force et simplicité, un film qui ne lâche pas le cœur ni l’esprit, il fait partie de nous comme une évidence qui resurgirait après un long sommeil. Il déroute aussi avec des plans qui surlignent le quotidien. Il y a des drames, des larmes et des sourires, des engueulades en famille, et cela pourrait durer des heures sans nous lasser. Alors bravo au cinéma espagnol et surtout à la fière Catalogne qui nous a donné monsieur Rosales. Je vais vous suivre monsieur car j’aime ce que vous faîtes, j’aime votre sensibilité, vous avez du cœur et de la force. Vous avez su élargir mon univers cinématographique et je vais, grâce à vous, passer de bonnes vacances même si je ne vais pas sur la costa de Maresme.

jeudi, 17 juillet 2008

Les proies

les proies.jpgIl faut que je vous fasse part d’une petite colère qui me taraude depuis mardi dernier. Je voulais, depuis plusieurs jours, me rendre à l’autre cinéma à côté de chez moi pour voir un film espagnol qui est sorti ce mercredi 16. Ce film s’appelle « Les proies » en français et « El rey de la montaña » dans la langue de Cervantes.  C’est un film à suspens : Un homme perdu dans la montagne se fait tirer dessus par des inconnus. J’aime ça, les films à suspens, cela me permet de serrer la main de mon amoureux un petit peu plus fort, en me blottissant près de lui.

Je l’attendais donc avec impatience, le film, pas mon amoureux, en ayant bien repéré sur mon planning les soirées de libre pour le voir assez vite. Le jour de sa sortie nationale, hier, je ne travaillais pas et, donc, nous pourrions le voir. Comme ça personne ne m’en parlerait avant ni ne me dévoilerait la fin.  J’aime que les films soient vierges dans ma tête quand je vais les voir. Même les critiques, je les lis après. Lundi, j’attendais… Mardi, sur mon lieu de travail désert pour cause de beau temps, j’attendais aussi. C’est long, très long une soirée dans ma Taverne quand personne ne vient me voir. Pour passer le temps, j’attrapais un programme du Méliès qui traînait sur le comptoir. Le Méliès est un cinéma situé à Pau, un peu comme celui d’à côté de chez moi, art et essais et tout et tout, mais en moins beau, forcément. Il présente les films un peu comme nous, avec un résumé, quelques photos et une grille d’horaires. Lui aussi propose « Les proies » dans son programme et je décidais d’en lire le résumé, pour voir comment il le présente. Et là, horreur et damnation ! J’étais en train de lire la fin de l’histoire, là, dans le résumé, qui ne doit donner que l’envie de voir le film. Un couillon de rédacteur dévoilait la fin en me racontant qui était l’assassin.

J’ai fermé le programme, mais trop tard. Comme je suis normalement constituée, ma rétine avait imprimé l’info en la communiquant à mon cerveau qui commençait son ébullition dans son lobe où réside la colère. Non mais, ils manquent d’iode à Pau ou quoi ? Ils veulent couler leur boîte et par là même couler la notre ?! Je vais te le jeter moi, leur programme, c’est une faute lourde que de le laisser traîner leur truc ! Non mais, franchement, est ce que Monsieur Méliès aurait voulu qu’on raconte la fin de son magnifique « Voyage dans la lune ». A coups de pieds aux fesses qu’il les aurait sortis les trop bavards, les pas respectueux de l’histoire. Et voila un petit bonheur de la vie piétiné par un qui a trop vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours. On se calme dans les Pyrénées, on se calme et surtout on se tait ! La montagne c’est fait pour le silence ou le suspens. Mais le suspens, visiblement, monsieur le rédacteur, vous ne connaissez pas.

Je suis tout de même allée voir le film avec la paradoxale frustration de celle qui sait. J’ai essayé de faire comme si mais, évidement, ce n’était pas pareil. Et même si cela avait été une très grosse daube, le navet du siècle, même si j’avais dormi d’ennui pendant la moitié de la projection, même si j’avais eu l’envie de huer le réalisateur et même si le film ne tient pas ses promesses : Trop de gros plans pour suggérer l’angoisse, des longueurs et une fin un peu plate et improbable, jamais, jamais je ne raconterais que c’est le jardinier l’assassin. Non mais !

 

vendredi, 11 juillet 2008

Haïti Chérie

A Micana

haïti chérie copier.jpgÉvidemment je ne m’attendais pas à une future palme d’or, évidemment c’est un petit film, à l’échelle de la production mondiale, petit comme ce pays oublié dans la mer des Caraïbes. Mais Haïti Chérie a le mérite d’exister, de passer sur les écrans, pour à peu près 10 spectateurs par séance. C’est qu’ils sont rares les films venus des tropiques. Porté par les vents du sud, celui-ci est arrivé au cinéma à côté de chez moi et il n’était pas question de le rater.

Pendant que le G8 se gargarise au Japon en nous faisant des promesses qui ne seront jamais tenues, on assiste impuissant à l’étalage de la misère, à l’exploitation des plus faibles sur fond de paysages de rêves, paradis artificiels pour une population prisonnière et condamnée à un destin que l’on sait d’avance noir. Le plaisir d’entendre le créole, langue chantante héritage d’une colonialisation  esclavagiste, s’estompe vite  face à la douleur d’un peuple trop habitué à la soumission. L’histoire n’a pas d’importance, les acteurs ne jouent pas toujours très bien, ils sont trop beaux, trop propres pour qu’on y croit vraiment. Le réalisateur a voulu faire « moderne » avec une caméra à l’épaule pas forcément de bon aloi. Mais on s’en fout car la vérité est là, dans les arrière-plans. Quand le regard se porte autour des acteurs, on s’aperçoit que les « figurants » n’en sont pas. Ce sont les gens qui vivent réellement dans des cabanes de tôle et de bois, entassés les uns sur les autres, sans hygiène et évidement sans intimité. Les enfants ont vraiment des gros ventres de malnutris, il n’y a pas de maquillage ni d’effets spéciaux. La vérité est en arrière-plan et c’est elle qui est douloureuse.

En sortant de la salle, je me sentais un peu abattue ! Comment peut-on laisser la misère ainsi subsister dans le monde ? Est-il né le futur prix Nobel de la paix, de l’amour et de la fraternité qui fera relever la tête à ce peuple ? Le pays le plus pauvre du monde n’y croit pas c’est sûr. On n’a plus d’illusion quand son espérance de vie ne doit pas dépasser la quarantaine. Et puis une envie de crier. Lève-toi peuple haïtien, relève la tête ! Envoies tes enfants à l’école, pour qu’ils ne connaissent plus cette misère crasse, pour effacer ces centaines d’années d’humiliation. Apprends à lire, Haïti, et à compter  pour que nous puissions te rendre des comptes et  pour que tous les enfants d’Haïti Chérie retrouvent leur dignité au premier plan de l’humanité.

 

jeudi, 03 juillet 2008

Les sept jours

les sept jours.jpgIl y a des sorties nationales que l’on attend impatiemment, soit parce qu'on a déjà vu tout de ce que le cinéma d’art et essais propose dans le quartier à côté de chez moi, soit parce que le sujet de ce prochain film que l’on va voir attire comme un aimant au milieu des lunettes posé sur le nez au milieu de la figure. Donc on piaffe, on trépigne devant le cinéma en fumant une dernière cigarette avant de rentrer pour une nouvelle aventure. Le cinéma c’est une aventure que l’on vit seule mais qui se partage à la sortie avec tous les voyeurs qui comme nous ont eu la curiosité de nouvelles rencontres du bout du monde ou du coin de la rue... ce qui est en définitive la même chose. Et Les sept jours c’est ça, la rencontre d’un ailleurs qui est aussi d’ici.

C’est l'histoire simple d’une famille qui se retrouve à l’occasion d’un enterrement. Sur fond de première guerre du Golfe, ces Israéliens déambulent dans une grande maison avec leur masque-à-gaz-au-cas-où et  leurs traditions, héritage d’un fardeau du bout du temps, qu’il faut respecter coûte que coûte, signe pour ces traditionalistes d’une civilisation avancée mais qui s’avère hiérarchisée, cloisonnée, phagocytée et étouffante. On espère pouvoir rire un peu de temps en temps, mais non, dans cette famille, on ne rigole pas à un enterrement. La couche de vernis est bien trop épaisse, bien trop appliquée. Et bien sûr le vernis craque, sept jours enfermés au rez-de-chaussée, à dormir, prier, manger ensemble, inévitablement, les jalousies, les aigreurs cachées, les règlements de compte explosent par tous les pores de toutes ses peaux brunes et moites qui ne s’accordent plus depuis l’enfance. Les mots qui blessent fusent en même temps que les kipas se dégrafent du sommet des crânes. Personne n’est beau, personne ne tire son épingle du jeu, si ce n’est la famille elle-même qui malgré les coups qu’elle s’inflige reste unie jusqu’au bout.  Elle a besoin de ça pour continuer  à vivre cette famille...

Mais non, je ne vous ai pas raconté la fin. D’ailleurs on s’en fout de la fin dans ce film, il n’y a jamais de fin dans les familles qui se reproduisent pour perpétuer jusqu’à la fin des temps ses traditions désuètes comme des corsets à lacets et qui étouffent les sentiments fraternels d’une humanité en déliquescence.

A voir pour l’interprétation magistrale des acteurs, Ronit Elkabetz en tête, et pour se dire à quoi on échappe quand ,comme moi, on a la chance d’être issue d’une famille aimante et simple comme le bonheur.