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dimanche, 20 juillet 2008

Sous les planchas

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Sous les planchas, les soirs de pluie, les uns contre les autres, les amis se tiennent chaud en trinquant à la vie, aux absents, à ceux qui viendront prochainement. Ils font de belles rencontres en mangeant du taboulé pour voyager vers le soleil, parlent tracteurs qui cheminent, le moteur bien réglé, de la Vienne à Garazi, se régalent avec des cœurs de canards, bien grillés les cœurs, surtout bien grillés, s’écoutent, rient tous ensemble et leurs voix montent en échos dans tout le quartier pour que le monde entier sache où le bonheur réside. Ils prient le dieu spaghetti pour faire venir le soleil et ça marche. Sous les planchas, en mangeant des tomates, des piments grillés, des merguez halal, faisant des grands gestes le verre à la main pour embrasser l’humanité, les amis reparlent  de cette  jeune journaliste tombée en pamoison devant un beau sportif. Le mamia* à l’ancienne n’a désormais plus aucun secret pour eux. Et c’est là qu’ils assistent en direct à la naissance de l’amour d’une toujours jeune artiste peintre pour un vieux chanteur basque. Alors ils partagent tout ensemble le fromage, les histoires, le pain et les chansons. Ils jouent la partition de l’amitié sur des txalapartas** faits avec du vrai bois d’arbre. Ils sont bien sous les planchas et se promettent d’y revenir, le plus beau c’est qu’ils le feront.

 

 *Mamia = lait caillé de brebis, un peu comme un yaourt mais en bien meilleur.

**Txalaparta = instrument de percussion basque fait en vrai bois d'arbre et c'est tout.

jeudi, 17 juillet 2008

Les proies

les proies.jpgIl faut que je vous fasse part d’une petite colère qui me taraude depuis mardi dernier. Je voulais, depuis plusieurs jours, me rendre à l’autre cinéma à côté de chez moi pour voir un film espagnol qui est sorti ce mercredi 16. Ce film s’appelle « Les proies » en français et « El rey de la montaña » dans la langue de Cervantes.  C’est un film à suspens : Un homme perdu dans la montagne se fait tirer dessus par des inconnus. J’aime ça, les films à suspens, cela me permet de serrer la main de mon amoureux un petit peu plus fort, en me blottissant près de lui.

Je l’attendais donc avec impatience, le film, pas mon amoureux, en ayant bien repéré sur mon planning les soirées de libre pour le voir assez vite. Le jour de sa sortie nationale, hier, je ne travaillais pas et, donc, nous pourrions le voir. Comme ça personne ne m’en parlerait avant ni ne me dévoilerait la fin.  J’aime que les films soient vierges dans ma tête quand je vais les voir. Même les critiques, je les lis après. Lundi, j’attendais… Mardi, sur mon lieu de travail désert pour cause de beau temps, j’attendais aussi. C’est long, très long une soirée dans ma Taverne quand personne ne vient me voir. Pour passer le temps, j’attrapais un programme du Méliès qui traînait sur le comptoir. Le Méliès est un cinéma situé à Pau, un peu comme celui d’à côté de chez moi, art et essais et tout et tout, mais en moins beau, forcément. Il présente les films un peu comme nous, avec un résumé, quelques photos et une grille d’horaires. Lui aussi propose « Les proies » dans son programme et je décidais d’en lire le résumé, pour voir comment il le présente. Et là, horreur et damnation ! J’étais en train de lire la fin de l’histoire, là, dans le résumé, qui ne doit donner que l’envie de voir le film. Un couillon de rédacteur dévoilait la fin en me racontant qui était l’assassin.

J’ai fermé le programme, mais trop tard. Comme je suis normalement constituée, ma rétine avait imprimé l’info en la communiquant à mon cerveau qui commençait son ébullition dans son lobe où réside la colère. Non mais, ils manquent d’iode à Pau ou quoi ? Ils veulent couler leur boîte et par là même couler la notre ?! Je vais te le jeter moi, leur programme, c’est une faute lourde que de le laisser traîner leur truc ! Non mais, franchement, est ce que Monsieur Méliès aurait voulu qu’on raconte la fin de son magnifique « Voyage dans la lune ». A coups de pieds aux fesses qu’il les aurait sortis les trop bavards, les pas respectueux de l’histoire. Et voila un petit bonheur de la vie piétiné par un qui a trop vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours. On se calme dans les Pyrénées, on se calme et surtout on se tait ! La montagne c’est fait pour le silence ou le suspens. Mais le suspens, visiblement, monsieur le rédacteur, vous ne connaissez pas.

Je suis tout de même allée voir le film avec la paradoxale frustration de celle qui sait. J’ai essayé de faire comme si mais, évidement, ce n’était pas pareil. Et même si cela avait été une très grosse daube, le navet du siècle, même si j’avais dormi d’ennui pendant la moitié de la projection, même si j’avais eu l’envie de huer le réalisateur et même si le film ne tient pas ses promesses : Trop de gros plans pour suggérer l’angoisse, des longueurs et une fin un peu plate et improbable, jamais, jamais je ne raconterais que c’est le jardinier l’assassin. Non mais !

 

mardi, 15 juillet 2008

Araignées, mouches kamikazes et autres volants

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Je ne sais pas si vous avez un jardin, mais moi, oui. Enfin, c’est plutôt un jardinet, avec quelques plantes épineuses qui apprécient particulièrement la pluie, l’ombre et la poussière des chantiers voisins. Mais, dans mon jardinet, il y a de magnifiques araignées que j’élève avec amour. Elles commencent à grossir et leurs toiles dansent au vent sans jamais s’abîmer ou se déchirer. C’est que c’est costaud une toile d’araignée.

L’avantage de les y laisser, les araignées, c’est que les enfants qui en ont peur ne viennent pas piétiner mes plates-bandes. Les adultes non plus, d’ailleurs. C’est déjà ça. C’est mon jardin et je ne le partage qu’avec Cosette, les araignées, les abeilles et les papillons. Point barre.

Un deuxième avantage, c’est qu’elles mangent les mouches, mes araignées, et on les voit grossir, grossir, pleines de ces insectes qui n’ont que ce qu’ils méritent vu que les mouches ça fait rien qu’à embêter les gens et les vaches quand il y a de l’orage. Non, je n’ai pas de vache, mais je pourrais. Je préférerais que les araignées mangent les limaces et les escargots, mais elles ne sont pas françaises mes araignées, elles sont basques et ne goûtent pas de ces gastéropodes idiots et voraces. J’organise donc des lancers d'escargots dans le jardin d’à côté vu qu’il est bourré d’anti-limace et de produits chimiques qui maintiennent les jardinets propres et verts. Chacun son job, mes voisins  utilisent des produits de merde et moi je fournis la matière première. Donc, les armiarma* mangent les mouches, mais celles-ci ne sont pas folles et régulièrement  se replient dans ma chambre ou mon salon. Non, mais, elles ne peuvent se faire manger dehors,  tout naturellement, dans l’ordre des choses et de la nature ?! Elles ont l’air malin, tiens, à tourner en rond près du plafond. Plutôt que de vivre une existence aventureuse et pleine d’adrénaline, elles me font le plan pépère du squatteur bourgeois et frileux. Mais, bon, elles finissent toujours par vouloir sortir, ces idiotes qui ne savent pas ce qu’elles veulent. Et là, c’est radical et systématique, elles se suicident par dizaine sur mes vitres propres et transparentes au lieu de passer par la porte comme tout le monde. Ce que c’est con une mouche ! Remarquez, après, ça fait joli, ces impactes de mouches sur mes vitres. On dirait des décorations de noël avec de la fausse neige, pour un mois de juillet, c’est original.

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Et quant au dernier avantage d’avoir des araignées, c’est la toile, bien sûr. Vous n’êtes pas sans savoir que ces filaments servent de point d’attache aux fantômes. Vous ne saviez pas ? Mais oui, c’est évident, si vous voulez qu’un fantôme habite chez vous, il vous faut une belle toile d’araignée, bien placée dans un endroit chaud et sombre, et là votre fantôme aura un point d’accroche comme une base d’envol pour errer tranquillement dans votre maison. C’est le point de départ, pour élever des fantômes, il faut commencer par héberger des araignées. C'est pour ça que, régulièrement, je me présente au cinéma d’à côté de chez moi avec quelques filaments dans les cheveux (que je fais passer pour des cheveux blancs) car, il faut que je vous dise, il est plein de fantômes et j’y entretiens donc clandestinement quelques toiles. Mais nous en reparlerons, les fantômes du cinéma méritent à eux seuls une belle note, bien longue, bien développée et sans pattes de mouches.

*Armiarma = araignée en basque

18:47 Publié dans Babillages | Lien permanent | Commentaires (1)

dimanche, 13 juillet 2008

vous étes témoins !

A la face du monde, il l'a dit. Sans couteau sous la gorge, il l'a dit, sans menace, ni chantage. C'est un homme libre mon amoureux et il l'a dit, il l'a dit,  il l'a dit ! Moi j'étais juste là pour l'enregistrer. Il y a de beaux hasards dans la vie non ?! N'hésitez pas à mettre le son un peu fort.

 

 

Sur Internet Explorer, qui n'explore pas grand chose, elle apparait cette petit vidéo qui vous rend tous témoin. Mais il faut pour  bien la voir cliquer  dans la colonne de gauche à la rubrique "articles récents" afin d'afficher le lien permanent de "vous étes témoins !". car mon amoureux qui regrette déjà ses paroles ne parvient toujours pas à résoudre le problème d'affichage de la page d'accueil. sur ce foutu "navigatueur". Par contre, sur Firefox je ne vois toujours rien, mais peut-être que vous oui. Merci de me laisser un message pour me le confirmer ou l'infirmer.Je ne désespère pas que la vérité éclate enfin.

Comment j'ai failli mourir...

nina agossi.jpgComme vous le savez déjà, au cinéma à côté de chez moi, nous recevons souvent des personnalités (et ça me réjouit toujours le cœur). Vendredi dernier, nous avions la chance d’avoir parmi nous la très belle Nina Agossi en avant première de La ruée au jazz, festival qui porte bien son nom quant à sa fonction culturelle sur notre belle ville de Bayonne.

Nina était donc là dès l’après-midi pour une conférence de presse et une série de photos à laquelle elle s’est prêtée avec grâce. C’est qu’elle est belle et souriante et grande et noire et féline et sympa, Nina. Un petit détail, quand elle est arrivée je la croyais d’origine américaine, je ne sais pas pourquoi, mais je m’étais mis ça dans la tête. Peut-être à cause de la commande passée au bar par la personne qui l’accompagnait, un peu secrétaire, un peu impresario et certainement amie fidèle.

-« Un c.c.-cola  pour Nina » qu’elle me demande la copine.

-« Ben je n’en ai pas, moi je ne vends que du Ehka-Cola , marque locale, dont le sucre est issue du commerce équitable ».

- « C’est pareil, j’en prends un. »

-« Non, ce n’est pas pareil » que je pense, en lui tendant la bouteille.

Et hop, deux euros de plus dans mon escarcelle et la joie pour moi d’avoir vendu une boisson alternative à la place de la marque américaine la plus connue au monde. J’étais un peu fière de voir avec quelle facilité j’avais converti les Etats-Unis aux coutumes subversives du commerce basque.

Pendant que Nina répondait gentiment aux questions des journalistes en face de mon comptoir, je fanfaronnais toute sautillante dans ma tête car, franchement, la journée avait drôlement bien commencé. Il m’en faut si peu pour être heureuse ! Je décidais donc de fêter ça en buvant moi-même de cette boisson sucrée et noire afin de faire comme Nina. Peut-être deviendrais-je aussi un peu plus grande, un peu plus belle, un peu plus noire et surtout peut-être que ma voix se « cristalinisera » au firmament des nuits bayonnaises…

Il faut vous dire que je ne bois jamais de ces boissons là. C’est trop sucré, y’en à trop dans la bouteille, ça ne désaltère pas et ce n’est pas très bon avec son goût chimique, mais, là, je voulais faire comme Nina. Et voila ce que c’est de manquer de personnalité ! Dès la première gorgée, j’ai senti un tsunami dans la bouche, j’avais soif et j’ai bu ça comme de l’eau. Nina, en face de moi, ne me regardait pas particulièrement mais pas question de cracher cette mousse de marée noire et toutes ces bulles qui commençaient à exploser les unes après les autres dans ma trachée artère. Je m’étouffais donc mais en essayant de le faire discrètement et avec classe. Cherchant de l’aide, je me suis précipitée dans le bureau de mes collègues qui pensaient que je faisais encore une fois l’imbécile en roulant des yeux. Elles ont fini par comprendre et une bonne claque dans le dos parvint à réorganiser la bonne circulation du liquide agressif. Je me sentais bête. Forcément, je l’avais été. Nina, toujours assise, n’avait rien vu. Je venais donc d’éviter le ridicule, en même temps que les urgences, les pompiers et l’inspection du travail pour le pédété*. Le pire, vous savez quoi ? C’est que Nina n’a même pas bu son Ehka en entier, trop bavarde qu’elle est.

A part ça, les touristes sont bien arrivés, ils me demandent souvent pourquoi notre plancher est si gondolé. Je vous le dis une fois pour toutes, c’est qu’il se marre, le plancher, de me voir si bête en son miroir.

 

* Le cinéma près de chez moi est géré par une association, le pédété en est le président.